Ils vivent la nuit, mais on les voit surtout le jour....

Après Mystic River, Gone Baby Gone; déjà de Ben Affleck;Shutter Island et The Drop; malheureusement passé inaperçu; Live by Night est la cinquième adaptation d'un roman de Dennis Lehane au cinéma. C'est malheureusement la moins intéressante de toutes. La densité de l'oeuvre avec les différents thèmes qu'il aborde ne pouvait être résumer dans un film de deux heures. Ben Affleck a été trop ambitieux en se donnant le premier rôle, tout en étant à la réalisation, scénario et production.


C'est grâce au cinéma que j'ai découvert le romancier Dennis Lehane, plus précisément avec l'excellent premier film de Ben Affleck, Gone Baby Gone avec son talentueux frère Casey Affleck et Michelle Monaghan interprétant le duo de détectives Patrick Kenzie et Angela Gennaro, dont j'attends toujours l'adaptation de leurs autres passionnantes enquêtes. Au lieu de reprendre leurs aventures, Ben Affleck choisit d'endosser le costume d'un autre personnage récurrent dans l'oeuvre de l'écrivain, en l’occurrence Joe Coughlin. Un choix étrange de sa part, car comme pour son adaptation précédente, il ne commence pas par le début. En effet, Gone Baby Gone était le quatrième livre où on retrouvait Patrick Kenzie et Angela Gennaro, alors que Live by Night est le second avec Joe Coughlin. Certes, dans Un Pays à l'Aube ce n'est pas le héros, mais cela aurait permis de mieux comprendre ses choix en découvrant le parcours de sa famille. La densité du roman avec 856 pages, a surement été un frein pour condenser cette fresque en 2h. Mais avec 550 pages et les multiples thèmes qu'aborde Live by Night, c'était pratiquement impossible de tout évoquer sans faire des raccourcis et impasses. Malgré une voix-off tentant de nous apporter des explications, le film tourne à vide.


Le long-métrage n'est pas mauvais, il est propre mais sans éclats. L'enfance de Joe Doughlin n'est pas évoquée, ses rapports avec son père Thomas Coughlin (Brendan Gleeson) sont à peine effleurés, sa vie à Boston donnant le titre au roman et sa romance avec Emma Gould (Sienna Miller) prennent peu de place pour vite nous emmener sous le soleil de Tampa. Ben Affleck se donne tout de même le temps de nous caler une course-poursuite plutôt confuse, même si elle est rythmée et explique la suite de ses déboires. Une manière de satisfaire le spectateur en lui offrant un peu d'action au sein d'un film, qui avait surtout besoin de donner de l'épaisseur à son histoire et ses personnages, tout en instaurant une atmosphère dramatique. Le héros est tourmenté par ses actes, mais cela manque de finesse, surtout que Ben Affleck n'ait pas vraiment un acteur subtil et charismatique. On peut se demander ce qu'il serait advenu du film avec Leonardo DiCaprio dans le rôle principal, au lieu de se contenter d'en être un des producteurs.


Un acteur moyen ne justifie pas entièrement l'échec de cette adaptation. Le roman brasse divers thèmes, le film tente d'en faire de même et cela ne fonctionne pas vraiment. La lutte des classes, le rêve américain, la rivalité irlandaise et italienne, le KKK (Matthew Maher totalement barré et J.D. Evermore égal à lui-même), la grande dépression, le racisme, la prohibition, l'immigration et la religion (excellent Chris Cooper mais épouvantable Elle Fanning), sont survolés pour laisser plus de place à des romances se révélant fade. Emma Gould apparaît puis disparaît rapidement, au profit de Graciella Suarez (Zoe Saldana) censée être une femme de pouvoir à poigne, mais se transformant vite en une amante tendre et d'intérieur, reléguant son métissage et le racisme qu'elle subit en arrière-plan. L'histoire tourne autour de Joe Doughlin; ce qui est normal; mais oublie de donner vie à ceux qui l'entoure. Dion Bartolo (Chris Messina) est aperçu à Boston, puis on nous le présente comme l'homme de confiance à Tampa, alors qu'on a pas assister à la naissance de leur amitié, ni même à un semblant de complicité. Un raccourci parmi tant d'autres gâchant un film qui avait un immense potentiel cinématographique, comme souvent avec les romans de Dennis Lehane.


En dehors de Gone Baby Gone, les autres films de Ben Affleck ne m'avait pas enthousiasmer. Cela manquait d'émotions, même s'ils sont bien foutus. Le constat est à nouveau le même avec cette oeuvre qui aurait mérité un meilleur sort pour rendre hommage à la qualité de la plume de Dennis Lehane.

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le 19 janv. 2017

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Laurent Doe

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