Wolverine est un monument à lui tout seul, une partie du patrimoine super héroïque, donc de la pop culture: en 2000 au cinéma on a découvert par ses yeux l’institut du professeur Xavier, on a goûté à son caractère d’ours mal léché et on a jubilé devant ses remarques aussi tranchantes que ses griffes. Il a su concilier aussi bien les profanes que les experts de l’univers comics.


Diverses annonces ont permis d’anticiper ce qui nous attendait: la fin d’un cycle, la fin de l’ère Jackman/steward.
Ce sont les uniques survivants de l’équipe de base, ceux aussi qui ont le plus marqué leurs rôles, peut être parce que leurs personnages sont les plus attachants.


Alors quand Logan débute et qu’on est confronté à un wolvi boitant, souffrant et vieillissant, on a l’impression que le cinéma essaie de nous montrer que nous aussi on a parcouru du chemin depuis 17 ans.
Si nous étions ado ou jeune adulte en 2000, que sommes-nous aujourd’hui?
Cette résonance entre le film et son public sera soulignée encore quand la petite Laura sortira son comics de son sac. Sans briser le 4ème mur façon deadpool, la franchise fait des clins d’oeil à ses fidèles, et ça réchauffe notre petit cœur qui s'apprête à saigner.
Le film prépare le terrain parce qu’il sait qu’on vient voir la dernière apparition de Jackman en Logan et de Stewart en Xavier, il sait qu’on est déjà ému avant de commencer, et il laisse des petits cailloux sur la route, juste assez gros pour qu’on les remarque, juste assez discrets pour qu’on ait l’impression de faire preuve d’un don de l’observation inouï. Tout est question de dosage, et le réalisateur joue sa partition au millimètre.


Logan est sans doute un bon film tout court, mais il prend toute son ampleur en s’intégrant dans la série dont il vient conclure un chapitre.


L’exposé du contexte est rapide et facile à appréhender: le monde qu’on a connu, le printemps des mutants pendant lequel ils semblaient fleurir un peu partout sur la planète, la lutte entre pro et anti mutants, entre ceux qui voulaient vivre en harmonie avec le commun des mortels et ceux qui voulaient les écraser; tout ça semble bien loin.
Des mutants, il ne semble rester qu’un vieux loup qui peine à se régénérer, un albinos quasi vampire, et un chauve qui ne peut plus grand chose, à part tenter de calmer ses crises à grand renfort de médocs.
Elle est loin la belle armada.
Charles Xavier qui était le summum de la réussite et de la sagesse, qui arrivait à fasciner du haut de son fauteuil est devenu un vieillard quasi sénile dont on se contente d’étouffer les crises en l’assommant de drogues.
Les corps sont usés, le moral aussi aride que le décor quasi désertique dans lequel un mad max se sentirait comme à la maison.


L’arrivée de la nouvelle protagoniste permet de créer une dynamique et d’oublier la nostalgie: parce que c’est le début de la traque, qu’on a un personnage bien pensé, dont le mutisme s’accorde parfaitement aux vieux briscards.
Ou comment réussir le passage de relais en douceur.
La jeune actrice s’en sort à merveille, et le réalisateur arrive à nous faire accepter cette nouvelle recrue sans enrayer la mécanique de son film. C’est comme si elle venait s’emboiter parfaitement dans la construction précédemment exposée: comme cette pièce au tétris qui tombe à point nommé. La sauvageonne devient un rayon de soleil inespéré.


Une douceur qui apparaît principalement au milieu de combats qui eux aussi s’adaptent au public: on ose montrer des têtes qui tombent et roulent sur le sol, on tranche dans le vif, et on n’hésite pas à utiliser la nouvelle jeune héroïne pour des scènes sanglantes.
Des batailles pleines d’hémoglobine qui deviennent les meilleurs moments de partage du couple Logan/Laura.


C’est là-dessus que le film est le plus juste: dans sa capacité à créer des instants de communion au milieu du chaos, de construire un nouvel horizon sur les ruines de notre jeunesse, en alliant ancienne et nouvelle génération, et le tout sans jouer la corde sentimentale à outrance. Il n’y a pas besoin d’insister, tout est déjà là pour qu’on comprenne.


Sommes nous réellement objectifs au moment de juger le dernier round de notre boxeur préféré?
L’appréciation globale de l’oeuvre est sans doute biaisée par tous les à côtés qui la font clairement sortir du lot.
On quitte la salle un peu groggy: content d’avoir retrouvé des gens qu’on aime, triste de les laisser partir, et persuadé que les acteurs qui auront immanquablement la charge de reprendre le flambeau auront une pression monstre sur leurs épaules.
Hugh Jackman et Patrick Stewart peuvent partir la tête haute, parce qu’ils auront porté leurs personnages avec brio, et qu’on leur offre une sortie à la hauteur.

iori
8
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le 3 mai 2017

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iori

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