Le premier long-métrage de Jacques Demy s’inscrit dans son époque par son propos : Des personnages en attente, qui rêve d’amour, de liberté… Comme bien des jeunes de son âge, Roland Cassard cherche à fuir l’insignifiance de la vie bien rangée en espérant que le meilleur est ailleurs. Jusqu’à ce qu’il croise par hasard sur la rue une amie d’enfance qu’il n’avait pas vu depuis 15 ans. Cécile, devenue Lola sous son costume de danseuse de cabaret, flirte avec un marine qui lui fait penser à son prince adoré qui l’a quittée neuf ans auparavant pour aller faire fortune aux USA après lui avoir fait un enfant. Le retour triomphant de Michel à bord de sa décapotable, le chapeau de cowboy vissé sur la tête claironne la victoire de l’American Dream. Cassard peut poursuivre son errance. Le scénario de Lola est réfléchi mais la direction et le jeu des acteurs fait terriblement défaut. Marc Michel qui avait été sauvé par le reste de la distribution dans Le Trou de Jacques Becker un an auparavant est sans saveur et la magnifique Anouk Aimée piaille par moment aux côtés de ses prétendants. La force de l’œuvre repose sur sa prise de vue en extérieur qui nous révèle la beauté de Nantes. Cet aspect et la musique éclatée de Michel Legrand lui donne effectivement des airs qui s’apparentent aux **400 coups* de Truffaut et à À bout de souffle de Godard, mais cela n’en fait pas une grande œuvre pour autant. Il arrive que les courants marquants aient pour effet d’embellir la postérité de certains films. Mes respects à Jacques Demy.