Une œuvre cinématographique reste avant tout une succession photographique et de vues animées. Les réalisateurs transmettent alors des images marquantes qui doivent rester dans la tête des spectateurs. J’aime les films qui s’ancrent dans ma mémoire et m’insèrent des images que je n’oublierai pas. Ryan gosling, pour son premier film,par l’esthétisme de ces plans et de son univers, réussit ce pari.
Lost river raconte l’histoire d’une famille vivant dans une ville maudite abandonnée par la population, s’enfermant petit à petit dans un monde inquiétant mêlant des personnages diaboliques et des lieux sinistres.
Premièrement, c’est beau. La photographie est magnifique : présence de couleurs variées et toujours vives autant dans la froideur que dans les tons chauds. La caméra aux mouvements lents permet des plans contemplatifs marquants. Certes, l’influence de Winding Refn n’est pas subtil et plus qu’évidente mais ça fonctionne. On retrouve des idées nouvelles et originales aussi et je peux d’ailleurs faire une liste d’images qui dont je me souviendrai.
- Les bâtiments abandonnés et en ruine, qui sont des décors qui ont toujours fascinés. On voit la nature reprendre le dessus comme au moment ou le héros se perd dans la forêt d’un vert puissant et lumineux
-La scène ou la mère s’arrache la peau du visage avec un rappel sur gros plan d’un jeune homme mutilé, donnant lieu à une image horrifique.
- Lorsque la maison prend feu et on observe en plan fixe des flammes au ralenti
- Les lampadaires qui s’allument dans la rivière à la fin de la malédiction, la lumière plus les reflets dans l’eau sont apaisants et beaux.
Ensuite pour revenir sur l’histoire, un des problèmes vient des personnages et de leurs développements, il n’y pas de surprises ou de retournement de situation dans leur comportement, tout est mis en place dès le début. Les méchants sont reconnaissables dès les premières actions et même par le nom qu’ils portent. Cette simplicité peut être aussi une face de cet univers sombre prouvant que notre famille est enfermée dans un enfer. Seul le personnage de la grand-mère reste ambigu mais on ne la voit pas assez pour vraiment savoir ce qu’elle doit apporter à l’histoire. La meilleure idée pour représenter l’enfer provient de ce club gore avec une grande réalisation et plein d’inventivité, ce lieu est purement malsain par son concept et les lumières vertes ou rouges appuient le coté sale et inquiétant. De plus, cette entrée, une bouche béante ou on entre littéralement dans la gueule du loup. A part ça , l’intrigue est très linéaire et comme pour les personnages, on est très peu surpris, il reste donc encore une fois les yeux et pas besoin des oreilles, même si certains passages musicaux chantés apportent énormes et sont bons.
Pour conclure, le film manque d’une bonne fin, d’une vraie résolution. On ne sait pas comment se termine l’histoire, le problème est que le coté poétique retombe et donne un goût d‘inachevé. Il aurait fallu voir tout s’arranger pour la famille, comprendre que la malédiction est finie et revoir nos protagonistes reprendre l’air et respirer à nouveau après avoir eu la tête sous l’eau. Le coté ambigu apporte peu aux spectateurs et donne un fin sans laisser vraiment d'ouverture
Un film marquant visuellement et étrange qui fonctionne bien et qui est à voir absolument. Dommage que le synopsis ne suive as et à la hauteur.