Ce serait un euphémisme de dire que l'on attendait avec impatience la première œuvre de Ryan Gosling. A trente-quatre ans, l'interprète fascinant de Drive ou The Place Beyond the Pines fait ses premiers pas dans la réalisation en présentant Lost River, histoire flippante et décalée. Dans une ville au bord du gouffre, une famille essaye de s'en sortir alors qu'elle s'apprête à perdre sa maison.
Ryan Gosling a du potentiel, mais il le gâche en rendant son récit incohérent et pas toujours subtil. Les personnages ne sont pas écrits avec assez de profondeur, le mélange formel donne un résultat maladroit et la narration, trop hétérogène, accuse de nombreuses lenteurs. Comme si le réalisateur s'était contenté de créer une succession de clips ultra stylisés sans véritable message derrière.
Inutile de tergiverser, on scrute toujours le premier film avec plus d'attention que de coutume, surtout lorsqu'il s'agit de Ryan Gosling, nouvelle figure solide de la bulle hollywoodienne. Il y a du Luhrmann dans cette façon de rendre sa création baroque et tumultueuse. Il y a aussi du Lynch dans la manière d'ajouter des notes étonnamment fantastiques à son scénario. Il y a enfin du Refn, avec l'impuissance sexuelle constante de l'homme face à la femme.
Mais où est alors vraiment l'auteur Gosling ? Ici et là, entre deux idées, comme celle-ci : sa caméra, souvent très basse, contemple ses protagonistes à hauteur d'homme ou en contreplongée. Malgré sa perdition dans cet espace menaçant, il peut toujours être maître de son destin. Alors malgré le pessimisme ambiant de Lost River, le cinéaste en herbe serait-il un utopiste rêveur ?
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