Le pitch de Sens Critique est trompeur. C'est en fait l'histoire d'une fille qui se fait buter son rat et brûler sa maison avec sa grand-mère à l'intérieur à cause d'un type qui a volé du cuivre à Dr Who. Du coup, puisqu'elle a tout perdu, elle n'a plus d'autre choix que de se barrer avec le voleur, qui lui s'en est sorti sans égratignure ni culpabilité.
Un scénario navrant pour un film qui n'a absolument rien à dire et qui le cache derrière un foisonnement d'effets de caméra sans aucune cohésion stylistique. Ryan Gosling tente en effet de noyer le poisson par tous les moyens : traveling avant avec rotation de la caméra, plans panoramiques, zoom avant et arrière, gros plan, plan large, contre-jour, lumière naturelle, grand-angle-grue-caméra-à-l'épaule-steadycam... tout y passe jusqu'à l’écœurement. Peut-être cela révèle-t-il une volonté de bien faire de la part de l'acteur, mais il en résulte un film dont la prétention n'a d'égale que son abyssale vacuité.
On sent les influences de Lynch, Gilliam, Malick ou encore Refn, mais sans jamais approcher ses modèles, même de loin. Gosling passe ses pairs (pères) à la moulinette pour en faire une indigeste purée sans goût ni odeur. Un énorme gâchis de ressources pour un film vain sans identité. Notons tout de même que Lost River est, de fait, à l'image de son réalisateur lorsque celui-ci se tient devant la caméra.
On peut toutefois lui trouver une qualité : Lost River est une machine à voyager dans le temps : après visionnage, vous aurez avancé d'1h45 sans avoir rien tiré de ce temps.