Lou est une BD qui a fait toute ma jeunesse et m'enchantait par sa justesse (pas si aisé de parler de jeunes aux jeunes et pour les jeunes), son humour et son ton décalé si attachant.
Lou est aussi désormais un film dont je craignais qu'il soit précisément ce qu'il est : une médiocre adaptation. Pourtant, il n'est pas tout à fait ce que j'imaginais, et finalement, le charme demeure.
Pourquoi donc ? Parce que, mes chers enfants, c'est l'auteur de la BD qui se lance dans cette adaptation. Et par là même, nous échappons à l'adaptation synonyme de charcutage en règle par quelqu'un qui n'a sans doute même pas lu l'oeuvre originelle, pour hériter, en lieu et place de ce ratage, d'un charmant mauvais film. Oui. Un charmant mauvais film.
Charmant parce que tout ce qui demeure du domaine de la BD et de ce qu'on en garde est réussi. L'humour est toujours aussi charmant, nos personnages toujours aussi décalés et un peu losers sur les bords, on rit et c'est attachant. Comme dans l'esprit de la BD. Pas aussi bien, mais l'idée y est et l'humour ne tombe pas à plat.
Visuellement le film est aussi très attachant. Beaucoup d'inventivité dans les décors et l'apparence des personnages, le résultat étant une plastique bariolée et fourre-tout très sympathique. Et puis, il y a ces scènes de dessin animé, une vraie réussite et une bonne idée, qui retranscrivent les rêves littéraires de la mère de Lou et réussissent très bien leur décalage entre l'emphase se voulant épique de l'histoire telle que l'imagine son auteure, et le résultat attachant de ridicule (le slip en poil de bête du prince est un must).
Charmant, oui, mais charmant mauvais film, disais-je. Mauvais film parce que tout ce qui, dans ce film, relève du domaine du cinéma est un échec patent. Avoir des dialogues bien écrits comme ceux d'une bande dessinée et des décors bien recherchés comme ceux d'une bande dessinée ne suffisent absolument pas à faire du cinéma. Et là, le constat est sans appel. La mise en scène n'a rien de marquant et se raccroche à l'inventivité visuelle et aux effets de style pour faire oublier son inexistence. Surtout, les acteurs jouent tous plus mal les uns que les autres, à commencer par nos jeunes gens, clairement pas convaincus par leurs textes ni habités par leurs rôles. Lou n'a rien de la Lou originelle et on ne s'en rend jamais autant compte que lorsque le film nous montre des dessins de l'auteur dans le style de l'oeuvre originale. Sa meilleure amie est sans doute la pire, qui récite son texte sans entrain aucun. Les deux acolytes, la "wesh" dont j'oublie toujours le nom et surtout Marie-Emilie, assez juste, s'en sortent mieux, mais ce n'est tout de même pas transcendant. Nos adultes ne sont pas en reste niveau platitude de jeu. La grand-mère jouée par Nathalie Baye s'en sort un peu mieux et Kyan Khojandi joue le même sempiternel rôle qui l'a fait connaître dans Bref, autrement dit un rôle qu'il maîtrise à défaut de réellement savoir jouer.
Et ainsi, nous aboutissons à un film bancal qui relève parfois presque du nanar tellement il est mal joué et mal fait, et parvient à d'autres moments à réellement nous charmer par son inventivité visuelle et le charme de ses protagonistes. Un charme sur le papier qui aurait mieux fait de ne jamais s'en évader et de ne pas rêver d'un cinéma auquel il ne comprend rien.
J'ai passé de bons moments, devant Lou ! Journal infime, et ce n'est pas l'intense nullité que je craignais que ce fût. Mais c'est un beau gâchis et la bande dessinée se suffisait largement à elle-même.