Un film live de ma BD préférée, au début, il y avait de quoi me faire un peu flipper, vu les bouses qu'on se farcit chaque année (les Profs, Boule & Bill etc.). Et puis quand j'ai appris que c'était Julien Neel, le dessinateur de la BD, qui réalisait le film, je me suis mise à l'attendre avec impatience et même compter les jours qui me séparaient avant d'aller le voir au cinéma !

Et ma déception est à la hauteur de l'attente que j'avais.
Lou, dans la BD, c'est une fille rigolote, pleine de vie, originale et qui a un vrai regard sur le monde qui l'entoure, tout en essayant de s'exprimer, d'ajouter sa personnalité au monde, de bouger sa mère, de trouver un moyen de passer du temps avec Tristan, le garçon qu'elle aime... dans le film, Lou est fade, parle comme les p'tits jeunes du collège ("hé mais t'es bien pas toi ! et mais comment tu fais ta midinette" et j'en passe...). On lui attribue, à travers les décors (je reviendrai là-dessus plus tard, c'est pour ça que j'ai noté le film 5 et pas 2), des talents expansifs de créativité, toujours plus de couleurs, de déco etc. mais ça sonne vainement, on ne voit pas de passion. Elle m'a énervée cette actrice, à faire semblant de coudre, de jouer de la musique... ça se voyait dans ses yeux qu'elle s'en fichait, que c'était juste pour le rôle et ça m'était vraiment insupportable, car création rime avec passion, et pas yeux de poisson mort.
De plus les jeunes acteurs jouent tous comme des patates (sauf peut-être celle qui joue Marie-Emilie, assez fidèle à ce qui y'a dans la bd tout en rajoutant une touche plus appropriée à l'ambiance du film). Et comme on suit pendant les deux tiers du film Lou, ses copines, Tristan et ses copains, ça avait de quoi me crisper sur mon fauteuil de cinéma. Heureusement c'est un peu rattrapé par la maman de Lou et Richard, le voisin, même si j'ai trouvé que la transition "j'ai un coup de foudre pour le voisin avec un gilet en peau de mouton" et le "on s'embrasse tout le temps et on a même pété le mur qui sépare les apparts" est très précipitée et arrive comme un cheveu sur la soupe. Mais ça reste plutôt sympa de voir cette mère qui galère avec son boulot, qui glande en robe de chambre et qui joue à la Gamecube toute la journée, tomber amoureuse comme une ado, c'était mignon et assez touchant. (mention spéciale au dessin animé inspiré de son roman, esthétique SF complètement loufoque qui dépayse bien, même si j'aurai aimé un style 90's et pas 2010)
Par contre c'est moi ou la mamie est carrément vexante et méchante ? "Ton père en est mort de chagrin ! Tout ça pour quoi, te faire engrosser en ville par le premier venu ?" elle balance ça à sa fille comme ça, cash. J'en étais très blessée pour la mère de Lou. Et je pense que c'est là tout le problème du film. Il y a un tel décalage de ton. Rien ne s'accorde, les scènes s'enchaînent de manière bizarre, on passe de tranches de vie à des plans surréalistes, à des dialogues à but humoristique (qui échouent une fois sur deux) puis des scènes wtf puis des scènes pénibles pour un personnage, puis des réflexions sur l'existence... et ça ne passe pas sur un format cinématographique. En bd ça marche bien, car on choisit le rythme de lecture, de s'attarder sur une page qui nous a fait rire et une autre qui nous a émue, on prend le temps de réfléchir... au cinéma, certes on peut mettre des temps de pause, mais le réal ne l'a pas fait. Car dès qu'on a une pause dans le récit, on a la voix de Lou (insupportable d'ailleurs, car elle parle mal) qui commente ; du coup on ne peut pas savourer les plans, le visuel, de ces scènes contemplatives.

Et c'est dommage car c'est là tout l'attrait du film. Le visuel. Les décors, les costumes, les détails qui fourmillent par milliers, les couleurs éclatantes. L'appartement de Lou et sa mère est magique, avec des bibelots dans tous les coins, qui s'empilent, s'entassent. Comme un cocon fait de bric-à-brac coloré (d'ailleurs elles en ont un de cocon, de vrai, et il est juste magique), qui est en plus de ça très réaliste, ce qui est un défi pour les chefs déco car rendre vivant un décor comme ça, c'est vraiment pas gagné d'avance. Les fringues aussi sont merveilleuses, originales, un peu bohèmes, avec des imprimés, des motifs, des couleurs éclatantes, et pleins de textiles très différents. Je reverrai ce film juste pour ça, en fait. Et c'est pour cela que je le recommande quand même à tous ceux qui aiment ces ambiances déco colorées, un peu vintage, qui sont hors-du-temps (là aussi c'est une force du film, d'ailleurs ; on hésite entre années 80-90 début 2000, on ne sait pas dans quelle ville les personnages vivent..) ; on s'en prend plein, plein les mirettes et c'est vraiment super agréable. Il faut "juste" faire abstraction des dialogues, et vous passerez un moment enchanteur.
Marie_Portejoie
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le 11 nov. 2014

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Marie_Portejoie

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