Avec Loulou, Pialat filme la vie, il ne la met pas en scène. Le film peut paraître déconstruit et c'est ce qui lui donne son pouvoir de réalisme, de sentiment qu'on nous dit la vérité, dans toute sa brutalité, telle qu'elle est. Une histoire d'amour, d'amants, d'une relation stable et d'une autre plus instable, la vie n'est pas raisonnable alors il en est de même au cinéma, et Nelly, jouée par Isabelle Huppert choisit le tourment, la passion au mariage, à la routine. C'est un thème que l'on connait depuis des années en littérature que ce soit chez Flaubert ou Zola, et qu'il est intéressant de voir au cinéma à une autre époque, où les mœurs et les vies ont changé. La violence morale est représentée avec simplicité par le jeu et le personnage de « Loulou », interprété par Gérard Depardieu, un homme perdu, buvant à en perdre toute dignité, et ne semblant rien espérer de la vie. L'amour du mari malgré le départ de sa femme, se donne en signe pathétique de l'amour ordinaire, sans passion mais habituel, l'amour qu'on a peur de quitter par crainte de la solitude dans un monde de verre, celui d'une classe sociale élevée, chez les hommes de lettres, comme l'exprime Nelly par sa volonté de vivre avec cette simple phrase qui résume son attrait pour un homme tel que « Loulou » : « Je pourrais me passer de lire mais sûrement pas de voir des gens ». C'est à la fois les surprises et les souffrances de la vie que Pialat nous présente à travers de ce trio dans Loulou, du nom de l'élément perturbateur, troublant le calme (le mari) par la tempête (l'amant).