Léger et fluide

La voix off aurait pu faire glisser L&F dans l'académisme, lequel engloutit beaucoup d’œuvres de ce genre, mais son usage est parcimonieux, souvent ironique et détonnant.
C'est d'ailleurs un autre procédé que sera utilisé pour présenter les personnages : ils sont encadrés dans des médaillons (par une sorte de fermeture à l'iris) sous lequel s'inscrit leur caractère et leur lien aux autres personnages du film. On pense au Temps Retrouvé de Raoul Ruiz, entraînant le même découragement chez le spectateur : là où Ruiz présentait des associations personnage-acteur qui noyait les néophytes et perdait les connaisseurs au fil des énumérations, Stillman nous perd dans l'imbrication des liens entre personnages. pas de crainte à avoir cependant, en une demi-heure le spectateur aura tout intégré.
Le film est à l'instar de cette ouverture : fluide mais exigeant, il ne souligne pas les éléments principaux, entremêlés dans les riches échanges des personnages. Les acteurs sont très bons avec une mention spéciale aux hommes. Je ne sais pas quelle image de la gente masculine est véhiculée par le "Lady Susan" de Austen mais ici les hommes se positionnent sur un éventail qui va de l'autorité fantôche à l'imbécile fini. Ces naïfs plus ou moins crétins sont tous interprétés magistralement.