Avec Hounds of Love (bizarrement traduit par "Love Hunters" dans nos contrées) sa première réalisation, l'Australien Ben Young a accouché d'un joli petit buzz lors des Hallucinations collectives de 2017, arrivant -si l'on en croit les échos- à scotcher une bonne partie des spectateurs sur leur siège avec les pérégrinations d'un couple de tueurs en prise avec l'une de leur victime qui va tout faire pour leur échapper. Mais malheureusement, Hounds of Love est parasité par une pléthore de défauts qui empêchent le film de se hisser au rang de l'oeuvre choc tant vantée.
Si pour un premier long métrage, Ben Young fait preuve d'une maîtrise certaine de l'outil cinématographique (comprendre : il sait parfaitement tenir une caméra et monter un film) il tombe malheureusement dans l'écueil du clipesque et de l'esthétisation à outrance (beaucoup trop ralentis abusifs). Des effets de réalisation hors de propos qui finissent par opérer une sorte de distanciation entre le film et le spectateur. Sans parler d'une utilisation abusive du hors-champ, utilisé ici comme d'un banal outil vecteur d'une tension artificielle.
En effet, lors de chaque scène censée illustrer les sévices perpétrés par le couple, le film aura recours à une ellipse ou à la combinaison hors-champ/cris en off. Si ce procédé fonctionne parfaitement sur le papier, permettant généralement d'éviter l'effet racoleur d'un déferlement inutile de violence frontale, c'est étrangement l'effet inverse qui s'opère ici. Plutôt que de laisser au spectateur la liberté d'imaginer ce qui ne lui est pas montré, le film lui force presque la main avec des indices trop appuyés (cris, inserts...), et donc finit par rendre le procédé inutile et frustrant, vu que le film pourrait tout aussi bien être frontal que le résultat serait le même.
Hounds of Love est également plombé par son choix de se focaliser autant sur la victime qu'au couple de ravisseurs. Démarche intéressante, mais elle résulte en un scénario bancal qui ne sait pas sur quel pied danser, puisque le film échoue à faire éprouver la moindre empathie pour chaque partie. Finalement, à qui est-on censé s'attacher ? A la jeune fille ? Au duo qui finit par perdre le contrôle (à l'évolution plutôt bien rendu par ailleurs, l'un des points forts du film avec l'interprétation) ? Même le film n'a pas l'air de le savoir.
En bref, Hounds of Love, malgré la petite réputation qu'il a su se créer, n'est qu'un simple thriller prometteur mais aux multiples idées tuées dans l’œuf. Si vous voulez de la bonne horreur récente australienne, tournez-vous plutôt vers la saga Wolf Creek.