Telle est l’éructation du jour que la connerie française a trouvé de mieux pour traduire « Hounds of love » en français.
En allant à une soirée alors qu’elle était gardée par sa mère, détestée pour avoir choisi la liberté en quittant la maison, une jeune fille se fait enlever et séquestrer par un couple trentenaire qui n’en est a priori pas à son coup d’essai. Perversions sociales, sexuelles, amoureuses et parentales animent ce couple malade, exultant des tourments qu’ils infligent habituellement sur plusieurs jours avant d’achever l’ado. On perçoit pourtant vite que lui n’est pas étranger à la rage chronique de son épouse. La jeune fille n’a plus qu’à jouer sur son sens aigu de l’observation et à sonder leurs défaillances, faiblesses et conflits pour les diviser, gagner du temps, mettre en évidence leurs propres calvaires, garder l’espoir.
Même si la conclusion parait bien improbable, la valeur de ce spectacle australien d’angoisse et de violence tient dans l’étude psychologique des deux sadiques, chacun perdu dans leurs si réalistes contradictions, apparentes comme cachées. Ce film n’est pas pour les amateurs de gore mais pour ceux de la science de la tension et de la suggestion, naviguant entre les enjeux affectifs, la rage impuissante, la mort imminente, l’horreur plus ressentie que subie, cette fois par les trois personnages. Les lenteurs exquisément orchestrées touchent notre imagination, notre empathie, nos approches psychologiques, et nous fait mijoter dans notre jus pour nos plaisirs les plus malsains.
Décidément les accents sobres, forts et efficaces du cinéma australien assurent souvent un spectacle qui touche, et qui, par leur intimité domestique, presque maladroite, et dépourvue des séquences hollywoodiennes attendues, nous plongent instantanément dans un autre type d’effroi.