On connaît tous les Beach Boys, enfin plus ou moins. Il y a forcément deux ou trois chansons qui nous traînent dans le fond de la tête quand on s’y attend pas. Machine à tubes sans saveur et fabriqués en série diront certains. Et ils n’auront pas tout à fait tort mais pas tout à fait raison non plus. Car derrière le sourire ultra bright et le cool des 60’s se cache un créateur torturé. C’est son portrait que nous présente ce film. On rencontre Brian Wilson à deux moments de sa vie. Ces deux périodes sont montées en parallèle et nous invitent à combler les blancs, à créer du sens et à défier l’ellipse. D’un côté le jeune Brian, auteur compositeur interprète, écrasé par un père autoritaire et des frères à la vue courte. Il comprend que la musique doit être plus que le cri des minettes en concert. Il sait aussi qu’il ne se sent pas bien mais ne sait pas pourquoi. De l’autre côté, c’est le Brian reclus chez lui dans les années 1980, malade dans sa tête, paranoïaque et schizophrène, qui fait la rencontre d’une vendeuse de bagnoles craquante, laquelle souhaite qu’il aille mieux, envers et contre tous. Toute la reconstitution est bluffante de réalisme. On saute d’une époque à l’autre avec naturel et fluidité. Ces deux moments se répondent et s’expliquent réciproquement. On découvre aussi un personnage attachant et terriblement talentueux avec ce sentiment de gâchis. Enfin, on jubile devant l’interprétation de Paul Dano (magistral) et John Cusack, ils y excellent et donnent corps et vie au génie perdu. En bref, un très chouette moment de cinéma et un biopic que l’on recommande chaudement (et il n’y en a pas tant).