Le hasard fait succéder Calmos à Barbie. Mais le hasard n’existe pas, diront certains. Et réellement, on tient là un concept bien plus porteur que le Barbenheimer supposé condenser toutes les oppositions. Toujours est-il que je ne suis pas un spécialiste de Blier dont c’est ici le troisième long, mais ça déboite.


Un gynéco et une crapule à la manque sont blasés de la vie et surtout de leurs femmes. En fait, ils en ont marre des femmes tout court. Alors ils s'exilent à la campagne pour vivre de pâté en croûte et de pinard.


Pour qui ne s’y attend pas, ça surprend. Les dialogues sont d’une misogynie rare, du genre qu’on afficherait dans un musée comme un acte désespéré de nihilisme. Et l’image est du même cru, crue. Ainsi, les touffes s’affichent, s’imposent à tous et surtout à ces messieurs qui ne veulent plus les voir. Alors quand ils quittent la civilisation et se mettent bien toute la journée, ça jubile. Ils rencontrent le curé du coin qui sera raccord sur l’idée que décidément, les femmes sont de perverses manipulatrices. Ils croisent aussi un minot de 14 piges qui vient de se faire agresser sexuellement par une furie. Décidément, les femmes sont à l’origine de bien des tracas qu’ils n’aspirent qu’à fuir pour ne plus rendre de comptes, oublier le lendemain et vivre dans l’insouciance de l’instant présent, sans autre responsabilité que celle de vivre heureux et repus. Au fond, ces hommes ne sont que des gosses. Ils avaient troqué leur mère contre une épouse et regrettent leur maman, celle qui les nourrissait et passait tous leurs caprices de petits mâles nombrilistes. Ça commence comme l’Origine du Monde, ici objet de dégoût mais tout mène nos gusses vers leur propre origine, vers l’utérus ou le vagin de leur mère, présenté ici comme un refuge confortable où l’on n’attendra rien d’eux. Et comble de l’horreur, la logique du récit est poussée le plus loin possible, comparant les femmes à une horde de nazis et les présentant comme des êtres qui veulent réduire les hommes à l’état d’objets sexuels qu’elles exploiteraient jusqu’à l’agonie. Ce jeu de rôle est bien ambivalent et malin celui qui saura démêler les intentions véritables d’un film qui offre à celui ou celle qui lui donnera cette chance de multiples pistes de lecture. Car au fond, on pourra tout aussi bien penser exactement l’inverse de tout ce que j’ai écrit juste avant. On sait Blier taquin et ici, il joue avec le feu. En tout état de cause, on appréciera particulièrement les envolées lyriques d’un Marielle sentencieux à souhait, martelant des vérités triviales avec la certitude de l’éternel. On rit vraiment. Et reconnaissons-le, bien qu’ils soient malaisants, on kiffera pas mal les délires érotico-granguignolesques du dernier quart du film, sorte d’exultation libertaire d’un autre temps.


En résumé, on évite de montrer cette comédie sauvage à la petite nièce mais on peut prendre le risque en 2023 de regarder, voire de montrer le film et d’assumer les débats qui en suivront très certainement. La vie est un jeu.


>>> La scène dont on se souviendra ? La fin, quand Marielle et Rochefort descendent en rappel un clitoris géant. Forcément qu’on s’en souviendra.

Konika0
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Konika0 - Vus ou revus en 2023

Créée

le 5 août 2023

Critique lue 92 fois

6 j'aime

2 commentaires

Konika0

Écrit par

Critique lue 92 fois

6
2

D'autres avis sur Calmos

Calmos
Moizi
8

Oh les connes !

J'avais vite lu le nom du réalisateur avant de voir le film et j'avais lu Bertrand Tavernier, or après quelques minutes de film je me suis rendu compte de mon erreur, vu la teneur des dialogues,...

le 15 mars 2015

37 j'aime

2

Calmos
Truman-
8

Critique de Calmos par Truman-

Calmos c'est l'histoire de deux gars qui en ont marre de leurs femmes, enfin des femmes tout simplement, ils décident alors de partir a la campagne vivre de vins et de bouffe, tranquille, au calme et...

le 28 déc. 2013

21 j'aime

1

Calmos
Sledgekind
7

Si je vous dis : maquis ?

Voici le film qui a fait de moi un homme, bienvenue dans mon petit univers. Souvenez-vous, Les Valseuses, en 1974, avec le duo Dewaere-Depardieu, et deux ans plus tard Préparez vos mouchoirs. Entre...

le 8 août 2012

20 j'aime

Du même critique

Calmos
Konika0
7

Barbmos

Le hasard fait succéder Calmos à Barbie. Mais le hasard n’existe pas, diront certains. Et réellement, on tient là un concept bien plus porteur que le Barbenheimer supposé condenser toutes les...

le 5 août 2023

6 j'aime

2

Bowling Saturne
Konika0
2

Commissaire Moulin contre les chasseurs masculinistes

Ce sont le synopsis mystérieux, l’affiche idoine et le succès critique qui m’ont amené à lancer le film. Que de vile tromperie dans ce monde. Ils sont deux frangins. L’un est commissaire de police et...

le 21 mai 2023

6 j'aime

L'Antre de la folie
Konika0
7

Un autre Carpenter

D’une certaine manière, L’Antre de la Folie occupe une place un peu spéciale dans la filmo de Carpenter. Il a quelque chose de différent et c’est ce qui m’a donné envie de le revoir. Un auteur à...

le 11 sept. 2021

5 j'aime