Lucy
4.7
Lucy

Film de Luc Besson (2014)

Je crois que j'ai fait l'objet d'une expérience étrange.
Cela faisait déjà plusieurs semaines que j'étais enfermé dans un établissement spécial, où des personnes en blouses blanches me bourraient de médicaments et me parlaient comme à un bébé en me souriant comme une mamie à cheveux bleus sourirait à son caniche nain.
Un soir, étant seul dans ma chambre, j'entendis un bruit venant du couloir. Bruit étrange, percutant, angoissant. Dans un demi-sommeil, j'ouvris la porte de ma chambre et jetai un œil courageux sur cette vaste étendue sombre et mystérieuse. Au bout du couloir, je vis une lueur.
N'écoutant que mon courage, je traverse ce corridor de chocs. Mes pieds nus résonnent étrangement sur le lino défraîchi.
Au bout du couloir se trouvait une pièce. Dans cette pièce, je découvris l'origine de la lumière et du son qui avaient attiré mon attention.
Une télévision.
Comme hypnotisé, l'esprit engourdi comme celui d'un militant des jeunesses fillonistes, je suis happé par le flux d'images et de sons. Un tsunami qui ne me laisse pas un instant de répit.
D'abord, je vois une jeune femme enchaînée. On lui tape dessus brutalement.
Puis, des images bleutés, sensées représenter l’intérieur de son abdomen, se déversent sur l'écran.
Puis, comme s'il n'y avait strictement aucune transition entre les images, sauf peut-être la logique d'un monteur fou shooté aux méthamphétamines, il y a un homme noir, propre sur lui, qui parle à un public. Parfois, on voit des gens qui rigolent, et on se dit qu'il a dû sortir quelque chose de drôle, alors qu'on n'a entendu que des débilités pseudo-scientifiques. A moins que ce soient ces débilités qui aient provoqué l'hilarité générale...
Je ne sais pas.
Mais je n'ai pas le temps de me poser la question, on a changé de décor.
Et alors, j'ai compris que non seulement le monteur était fou, mais aussi le cameraman et, pourquoi pas ?, toute l'équipe technique. La jeune fille, toujours enchaînée par le poignet, volait dans tous les sens dans la pièce crasseuse.
Retour sur l'homme noir.
Un volcan en éruption
Puis la fille qui fait voler un tueur dans la pièce.
Des rhinocéros qui copulent.
Puis la jeune fille qui entre dans un hôpital tranquillement, malgré la présence bien visible d'une arme à feu dans sa main.
Des lions copulent.
La jeune fille se fait opérer le bide sans anesthésie tout en menaçant le chirurgien.
A ce moment-là, j'en venais à considérer comme complètement cinglée toute personne ayant participé de près ou de loin au film, depuis les producteurs jusqu'aux accessoiristes, en passant par les conducteurs des camions et les fournisseurs de la cantine.
Des libellules font ce que vous imaginez.
La fille tue des gens qu'elle ne voit pas à travers une porte, puis entame une gentille discussion avec un mec dont elle a cloué les poignets, et qu'elle regarde avec un air abruti qui n'est pas sans rappeler celui des membres du fan-club de Kev'Adams.
C'est là que j'ai remis en doute l'ensemble du fondement de l'univers.
Heureusement, des gentilles personnes en blouses blanches sont venues me chercher. Elles m'ont fait avaler deux cachets et m'ont remis dans ma chambre.
Le lendemain, j'ai lu cent pages de Proust d'un coup.
J'vous l'dis, y s'passe des choses pas nettes dans cette clinique.

SanFelice
1
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Avant, sur SC, on pouvait dire qu'on ne voulait pas voir ce film

Créée

le 14 avr. 2017

Critique lue 706 fois

45 j'aime

5 commentaires

SanFelice

Écrit par

Critique lue 706 fois

45
5

D'autres avis sur Lucy

Lucy
Gothic
2

Tebé or not tebé

Nuit. Tisane terminée. Film terminé. Gothic ôte son casque à cornes pour s'essuyer la joue tant il pleure d’admiration. Nomé(nale) quant à elle s'empresse de fuir pour cacher ses larmes de...

le 7 déc. 2014

275 j'aime

53

Lucy
Before-Sunrise
5

Oui-Oui apprend sa SVT

Luc Besson entre gentiment dans l’adolescence. A vue de nez, il a 13 ans. Ses cours de Science de la Vie et de la Terre l’intéressent beaucoup. Il y a quelques temps, il s’est mis à faire des...

le 8 août 2014

263 j'aime

90

Lucy
Citizen-Ced
1

Halucynant

Lucy est un film qui mérite d'être défendu. Parfaitement. Parce que mélanger The Tree of Life, Samsara, 2001 l'odyssée de l'espace et Taxi, c'est d'une ambition qui frôle l'inconscience. Lucy mérite...

le 23 oct. 2014

225 j'aime

37

Du même critique

Starship Troopers
SanFelice
7

La mère de toutes les guerres

Quand on voit ce film de nos jours, après le 11 septembre et après les mensonges justifiant l'intervention en Irak, on se dit que Verhoeven a très bien cerné l'idéologie américaine. L'histoire n'a...

le 8 nov. 2012

256 j'aime

50

Gravity
SanFelice
5

L'ultime front tiède

Au moment de noter Gravity, me voilà bien embêté. Il y a dans ce film de fort bons aspects, mais aussi de forts mauvais. Pour faire simple, autant le début est très beau, autant la fin est ridicule...

le 2 janv. 2014

218 j'aime

20

Chernobyl
SanFelice
9

What is the cost of lies ?

Voilà une série HBO qui est sans doute un des événements de l’année, avec son ambiance apocalyptique, ses flammes, ses milliers de morts, ses enjeux politiques, etc. Mais ici, pas de dragons ni de...

le 4 juin 2019

214 j'aime

32