Luc Besson, toi dont j’adore un de tes films cultes (le 5ème élément) car il a bercé mon enfance – raison pour laquelle je me refuse à être objective en regardant ce film ; Luc Besson, toi qui représente le cinéma français à l’étranger ; Luc Besson, toi dont le dernier film m’a fait hésiter entre mourir de rire ou mourir de désespoir.

Je connaissais pourtant les risques en allant voir ce film : le postulat scientifique sur lequel il est basé n’est qu’un ramassis de bêtises, qui a été démonté par la communauté scientifique depuis belle lurette. J’ai été gênée tout le long du film par ces pourcentages croissants… Je ne pourrais pas clairement l’expliquer, car j’étais prévenue. Mais ce qui m’a peut-être bloquée est le fait que nombre de gens iront voir ce film, surtout aux USA où la théorie de l’évolution est largement boudée, et que nombre de gens seront peut-être suffisamment crédules pour croire cette bêtise selon laquelle nous n’utiliserions que 10% de notre cerveau… En tant que scientifique, cette légende urbaine me hérisse les poils tant elle relaye l’idée que l’utilisation de notre cerveau est limitée, alors que nous savons que chaque information que nous relevons, chaque chose que nous apprenons, connecte des neurones par des chemins inédits. Mais tous les neurones que nous possédons sont utilisés, c'est un fait.

Pourquoi s’entourer de scientifiques si c’est pour relayer une telle aberration scientifique ? Bon, pourtant, si on accepte que c’est de la science-fiction (dont la part de science m’échappe), il y a de bonnes idées à en tirer. Le film commençait donc correctement, avec une Scarlett Johansson, dont le jeu est toujours aussi bon, et une esthétique assez jolie. Pourtant, petit à petit, les incohérences et incompréhensions s’installent. Des personnages qui paraissent importants… et qu’on ne revoit plus. Des opportunités pour la jolie Scarlett de se faciliter la vie… qui lui échappent, elle qui devient pourtant si intelligente. Une faculté d’utiliser les ordinateurs à une vitesse phénoménale… mais les ordinateurs fonctionnent (alors que nous sommes d’accord : aucun ordinateur actuel peut réagir avec une telle vitesse et sans bug).

Morgan Freeman est là. Oui, il est là, et il joue bien. Mais… à quoi sert-il, autre que pour donner un semblant d’explication logique (qui ne fonctionne pas) à ce navet ? A quoi bon employer de si talentueux acteurs si c’est pour les utiliser aussi mal ? C’est à pleurer.

De plus, le film va vite, sans rebondissement aucun, sans donner aucune importance aux personnages secondaires, sans jamais surprendre ou intéresser le spectateur, qui finit par s’ennuyer car c’est cousu de fil blanc. Quand enfin – enfin ! – le film se termine, on a l’impression d’avoir vu de jolies images, oui, mais sans rien de plus. Trop d’incohérences, beaucoup trop. Quand on passe tout le temps d’un film à se demander pourquoi l’héroïne n’a pas tué le méchant quand elle tue tous ses subordonnés, et qu’on finit par se dire que c’est parce que Luc Besson manquait tellement d’idées pour ce film qu’il fallait remplir un peu avec des bagarres plutôt que d’aller chercher dans l’originalité, on est dans le droit de regretter les quelques euros dépensés.

Et pourtant ! Je n’ai pas mis une si mauvaise note que cela. Parce qu’il m’a paru important de valoriser le peu qui aurait pu faire de ce film un meilleur film. Le casting tout d’abord est vraiment bon, les acteurs jouent très bien, comme à leur habitude. C’est pourtant triste de les voir se débattre dans un film bourré d’âneries. L’esthétique du film est aussi très bonne, même si je suis loin d’être une experte en la matière ; j’ai vu un joli film, avec des images et des scènes très parlantes et émouvantes. La musique n’a rien de transcendant, mais elle ne m’a pas gênée pour autant. Le film est également court, ce qui est une bonne chose quand il est aussi mauvais : il n’y a pas de longueur. Et puis, j’ai aimé les petites incursions philosophiques du film sur le temps par exemple, même si ça aurait mérité d’être approfondi, comme pour beaucoup d’autres éléments du film.

Lucy est donc un chef d’œuvre dans les films les moins bons que j’ai jamais vu. Avec une telle promotion, je m’attendais à mieux. Mais à quoi peut-on s’attendre d’un film s’appuyant sur une telle sottise scientifique, vraiment ? J’ai été terriblement déçue ; Luc Besson, tu ne me joueras pas ce tour une deuxième fois.
Célia_F
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le 16 août 2014

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Célia F.

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