L'intelligence pour les nuls
Je dois admettre que le cinéma de Luc Besson est loin d'être un cinéma qui me parle, entre le navrant Léon et l'improbable Cinquième Élément, tous les deux sauvés par les interprétations hallucinées d'un Gary Oldman en transe. On était donc content que le cinéaste approche de son dixième long-métrage, lui qui avait annoncé sa volonté de ne pas dépasser ce chiffre fatidique. Malheureusement, il est revenu sur sa décision et continue de nous livrer régulièrement de nouveaux films. Ce Lucy, auréolé d'un succès public et critique outre atlantique, ne déroge pas à la règle Bessonienne : scénario écrit par un enfant de 8 ans, rebondissements ridicules, mise en scène pantouflarde et j'en passe...
Ce qui est bien, c'est que les première secondes annoncent la couleur avec un petit détour du côté de la préhistoire à la rencontre de l'autre Lucy (CGI catastrophiques mais ça, ce n'est pas l'apanage de Besson, malheureusement) histoire de nous faire comprendre que la Lucy de notre époque sera au moins aussi importante dans l'histoire de l'humanité. La lourdeur du propos est donc déjà bien présente mais ce n'est rien face à ce qui suit, soit un des pires montages et une des pires idées de mise en scène vus depuis longtemps : Lucy sur le point d'être kidnappée par des coréens en montage parallèle avec une attaque de gazelle par un léopard. En gros, Lucy est la gazelle et les coréens les léopards. Ok. Déjà merci pour le surlignage pour les deux du fond et ensuite je cherche encore l'utilité de cette scène puisque cette idée de chasseur et proie ne sera jamais réutilisée. Ensuite on découvre les méchants, forcément des vilains coréens.
On passe ensuite au cœur du récit : la découverte par Lucy des effets de la drogue que les coréens ont dissimulé dans son ventre. Mais comme il faut que tout le monde comprenne tout de suite de quoi on va parler, on assiste à l'intervention surréaliste de l'insupportable Morgan Freeman qui occupe aujourd'hui dans le cinéma américain la place du vieux sage ce qui lui permet de ne pas trop se fatiguer, on utiliserait les mêmes images dans chaque films que cela ne changerait rien. On sent d'ailleurs qu'il s'emmerde profondément. Intervention surréaliste donc, qui n'a rien a envier au reportage sur la langouste narré par Jean-Pierre Bacri dans l'Astérix d'Alain Chabat, où Freeman nous explique toutes les théories en cours sur les pourcentages d'utilisation des capacités cérébrales par les être vivants. On se croirait dans la parodie de South Park où Morgan Freeman vient pour tout expliquer.
Toute la suite du film n'a pas grand intérêt, il s'agit d'une course poursuite au quatre coins de l'Europe un peu pantouflarde avec Lucy flanqué d'un flic franchouillard (autre touche Besson) ce qui permet d'avoir une scène de course poursuite dans Paris à la Taxi pour les amateurs de tôles froissées (il faut ratisser large). Quant au final, grotesque et incompréhensible, en fait des tonnes avec Lucy qui convertit tout son savoir dans une clé USB sans qu'on sache trop pourquoi (en fait, au départ on suppose que c'est pour arrêter le chef des coréens mais celui-ci se fait finalement descendre par le flic, donc on cherche encore l'utilité de Lucy mais bon,...). On a aussi droit à un voyage dans le temps, parce que Besson s'était mis en tête de citer Malick sans qu'on sache pourquoi. Ainsi, Lucy Scarlett croise Lucy australopithèque ce qui permet à Besson de citer La Création d'Adam de Michel Ange. Lourdeur toujours. Sinon, elle croise aussi un simili T-Rex qui se payerait bien une tranche de notre Lucy. Dommage, quitte a avoir un final débile, si elle s'était faite bouffer par un dinosaure, on aurait au moins été surpris une fois dans le film. Au final, le réussit à être un des plus débiles sur le thème du développement de l'intelligence.