Cent pur sang

S’il fallait résumer «Lucy» de façon simple et rationnelle, ça pourrait donner ceci : c’est l’histoire d’une nana qui va décupler ses capacités cérébrales grâce à une drogue surpuissante. Un pitch qui appelle le fantastique et/ou la comédie. En tout cas, rien de bien sérieux, même si le sujet fascine des gens très respectables. Besson, en dépit de ses hautes ambitions, ne se prend pas la tête, oscillant entre science-fiction (superficielle) et humour (parfois involontaire) sans vraiment choisir son camp. Eh oui, pour cartonner au box-office, il en faut pour tout le monde.
Sans grande originalité esthétique (on se croirait dans Matrix), notre sous-Tarantino à la française nous sert sa recette habituelle : de l’action violente et spectaculaire dans une ambiance vaguement futuriste. De quoi ravir ses inconditionnels, c'est entendu. D’autres se réjouiront de voir Scarlett Johansson en mutante sexy, Choi Min-sik (inoubliable héros de «Old Boy») en dealer sanguinaire ou encore Morgan Freeman en savant prophétique. Effectivement, avec eux la pilule passe un peu mieux.
Autre antidote à l’overdose : la courte durée du film (à peine 1h30) et surtout son rythme effréné. Là où tout humain normalement constitué aurait succombé à l’absorption massive de CPH 4, Lucy devient accro et développe ses superpouvoirs de manière progressive. Du coup, on a hâte d’arriver à 100% pour voir de quoi notre poupée junkie est capable. Toute déshumanisée qu’elle est, on se doute qu’elle ne sortira pas indemne de cet improbable bad trip. Nous, si. A condition de passer outre les séquences écolo-moralisatrices d’intro et de conclusion.
Alors, on appréciera davantage nos 10% de matière grise, nos joies, nos peines, nos imperfections. Bref, l’évolution de l’espèce. Et laissons cette pauvre Lucy planer dans le ciel avec ses diamants bleus…