Lucy a arraché le fruit du paradis

(Pas plus de spoiler que la BA)
Lucy commence sur les chapeaux de roues, on est tout de suite embarqué avec la héroïne qui se fait piéger bien malgré elle avec une mallette à livrer à M. Jang (oui, c'est bien lui le gros méchant). La mise en scène est sublime, plus elle continue plus elle sens qu'aucun retour en arrière n'est possible mais les choix qui se présentent à elle sont quasi inexistants et Lucy se compare à une gazelle rentrée par mégarde dans le territoire de chasse des guépards.

La tension monte lorsqu'elle est en tête à tête avec M. Jang qui ne parle ni anglais ni espagnol, ce qui remonte encore la sensation de perte totale de contrôle sur la situation. Elle doit alors ouvrir cette mystérieuse mallette pour M. Jang qui se cache derrière des boucliers anti-émeutes avec une armée de pistolet braquée sur elle en cas de "refus d’obtempérer".

Le film aurait pu finir là-dessus et faire un excellent court-métrage et valoir peut-être un 8. Mais l'histoire continue et Lucy devient la mule de M. Jang qui doit faire passer en Europe une nouvelle drogue surpuissante. De nouveau, on est accroché à l'histoire et on ressent les émotions de Lucy presque en symbiose avec elle, tant les plans, le travail des acteurs et l'ambiance sonore colle avec la situation. Malheureusement, notre Lucy finit par absorber la drogue qu'on lui avait foutue dans le bide et réagit de façon inattendue, plutôt que de mourir bêtement et simplement d'overdose, elle débloque les limites de son cerveau.

Là de même, la mise en scène est bien amenée, on la sent partir en sucette dans un délire paranoïaque totalement improbable mais qui parait cohérent tant qu'aucun observateur extérieur n'est témoin de la scène. Elle se libère donc de cette fâcheuse situation et cherchera à se soigner aux urgences et à se venger. Jusque là tout est normal, elle est super rapide et arrive à voir à travers les murs grâce aux sons, ce qui me parait tout à fait abordable avec un super cerveau du tonnerre qui décuple toutes les capacités.

Hélas le film ne s'arrête pas là et ne finit pas avec un beau 7/10 mais va continuer (commencer ?) car jusqu'à présent, notre super femme était à 20%. La suite ne sera pas décrite dans cette critique de peur de spoiler l'intérêt du film. Pourtant c'est cette suite qui fait s'écrouler tous mes espoirs de voir un bon film alors qu'on avait un Morgan Freeman bien en forme sans avoir le beau rôle puisque c'est lui qui vient "justifier" et apporter du "crédit" à cette histoire de science fiction qu'apparemment seul Marvel arrive à peu près à maîtriser, en tout cas bien plus que Besson dans Lucy.

La course poursuite dans Paris est totalement indigeste, on n'y voit rien, tout est caché comme l'est une scène d'action de Transformers et si on arrive à distinguer par endroit quelques détails sur les véhicules ce ne sera que pour voir des images de synthèses qui feront regretter à jamais la poursuite du film Blues Brothers.

Bref, on va ici de mal en pis et c'est ce que l'on retient à la fin, d'où cette note sanction. C'est la première fois depuis longtemps que je m'ennuie devant un film au cinéma et le plus grand ascenseur émotionnel cinématographique qui m'ait été donné de voir, dommage.