36 Quai des Orfèvres possédait des qualités indéniables et arrivait à faire sortir le film policier français de son marasme grâce à un rythme soutenu, un casting adéquat et une ambiance réussie malgré une propension globale à virer dans le pathos trop prononcé parfois. Mais après tout, si on souhaite se marrer un bon coup, ce n'est pas à Olivier Marchal qu'il faut faire appel et ce n'est pas ce MR 73 qui dira le contraire.
Parce qu'on franchit encore un pas dans le noir ici. On suit le parcours d'un policier en pleine chute libre après la perte d'un être cher. Constamment ivre, les yeux remplis d'alcool et fumant clope sur clope, Daniel Auteuil essaie de rendre crédible ce personnage plus gros que nature. Le défaut le plus criant de ce film est sa lourdeur. Là où The Shield arrive à instaurer une ambiance pesante et oppressante grâce au dynamisme de la caméra à l'épaule, Marchal prend le parti-pris de ralentir son récit et d'enrober le tout avec une musique emphatique. Hélas, les personnages aussi manquent de finesse et ce n'est pas le jeu des acteurs qui les allégera. Un virus du chuchotement a en effet possédé tout le plateau. Tout le casting susurre son texte d'une voix grave inaudible, en gros on bouffe ses mots pour faire gros dur et le spectateur pige la moitié. S'il faut surjouer pour faire comme si on était habité par son personnage, c'est le spectateur qui va se faire chier.
Au final, les 2h00 passent plutôt lentement et on a du mal à ne pas souffler au fil que l'intrigue, cousue de fil blanc, se révèle. Sans espoir, pataud, muni d'un dernier quart d'heure bien dégueulasse, joué avec des enclumes et manquant carrément de finesse, MR 73 rate son tir. Au lieu de nous faire comprendre que la vie de flic c'est dur, on retiendra surtout que c'est chiant.
C'est bien dommage pour lui mais Marchal signe ici un film qui ne sert à rien.