J'avais trouvé le film "bien sans plus" une première fois mais le visionnage de "l'analyse de séquence" sur YouTube m'a convaincu de le revoir. Et comme j'ai bien fait !
Tout y est d'une puissance extraordinaire. Citons par exemple :
- la première scène (faisant l'objet de l'analyse), avec son découpage entre la rue et l'appartement de la maman, la scène du ballon lancé innocemment sur la colonne Morris et l'ombre du tueur qui apparaît (magistral), l'ellipse créée par le ballon qui finit de rouler dans l'herbe ;
- les scènes de précipitation dans les rues assumées sans aucun son
- le montage alterné entre les gangsters et la police, le tout noyé dans la fumée des cigares
- les travellings dans le grenier lorsque M est traqué
- la scène du commissariat, avec le plan en plongée sur Lohmann faisant ressortir une bonne paire de couilles, fallait oser ! Puis la caméra qui accompagne la marque de tabac dans sa bouche, indiquant qu'il a compris
- enfin et surtout, la scène finale, sublime : le panoramique nous permettant de découvrir la foule des gangsters silencieux est un sommet du cinéma ; puis le jeu expressionniste de Peter Lorre, d'une intensité folle, enfin le hors champ nous signifiant que la police est là, montrant seulement les gangsters levant les mains.
Un film aussi très humain, qui parvient à nous faire prendre partie pour un meurtrier d'enfants, une gageure ! Qui nous incite à penser que les monstres ne sont pas forcément ceux qui se comportent extérieurement comme tels. Un film très à gauche aussi, dans sa conception de la justice : les criminels sont avant tout des victimes, il faut les aider (ou les soigner), non les punir.