Quelques années après avoir subit l'injuste naufrage critique et commercial de Metropolis, Fritz Lang revient pour confirmer qu'il n'a rien à prouver à personne et signe M le maudit, un policier bénéficiant d'une excellente mise en scène.
Le film raconte l'histoire d'une grande ville allemande terrifiée par un tueur d’enfants qui sévit depuis plusieurs mois. La police patauge tandis que le nombre de victimes s'accroît et que la paranoïa s'empare des habitants. A partir de là, le réalisateur fait comprendre sans peine au spectateur que M est l'obsession de tout le monde, à tel point que la pègre décide de s'organiser et de mobiliser un maximum de personnes pour réussir là où les autorités se sont révélées incapables.
L'étau se ressert progressivement sur le meurtrier, ce qui est parfaitement illustré par le plan où l'on voit des hommes à sa recherche boucher les sorties du cadre. Mais le film traîne un peu la patte entre le moment où le spectateur et M savent parfaitement qu'il est fait comme un rat et le moment où il se fait pincer. Je ne pense pas qu'il était nécessaire d'insister autant sur ce moment. Sans rentrer dans les détails, la dernière scène révèle toute l'intelligence du film, qui possède un message intéressant sur la notion de justice de chacun, et même la justice en général. Peter Lorre se révèle alors la caméra et dévoile son talent d'acteur. Sa prestation est tout à fait juste.
M le maudit est parfaitement réalisé, il suffit de voir la scène avec la petite Elsie, qui fait comprendre toute l'horreur qui lui est arrivée en utilisant simplement la suggestion. Lang utilise énormément de techniques visuelles (et auditives !) qui rendent son film riche. Néanmoins, il est dommage que le propos soit centré sur la fin, de ce fait on est dans l'attente de la suite tout le long du film (mais pas de la bonne manière). Cela reste un bon policier, très classique.