Ma famille t'adore déjà est une comédie difficilement identifiable par son sens de l'humour et par l'image qu'elle véhicule. En effet, sous ses airs de redites de Mon beau-père et moi à la française, la première réalisation de Jérôme Commandeur, épaulé par Alan Corno est étrangement dérangeante, et ce, malgré des petits gags drôles mais sans plus. La belle-famille est détestable si bien qu'on ne s'y attache nullement. L'humour se résume à des maladresses, des vacheries qu'on s’envoie en famille sans s'en rendre compte, aux mensonges qu'on dit quand on assume pas ce qu'on est et à la prétention d'être généreux et à l'écoute alors qu'on est pourri jusqu'aux os. Honnêtement, il n'y a pas grand chose à sauver dans ce portrait de famille catastrophique où la vérité et l'honnêteté ne semblent être qu'un concept abstrait. Certes, les personnages ne se rendent compte de rien et c'est ça qui est censé nous faire rire mais c'était déjà le cas dans Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu? avec Christian Clavier et Chantal Lauby mais ils avaient le mérite d'être plus décalé, même sous leur trait raciste. Ici, les défauts sont poussés à l'extrême ; que ce soit les impulsions irréfléchies de Marie-Anne Chazel, les "petites blagues" de Thierry Lhermitte, les gros mensonges de Déborah François, la méchanceté gratuite de Jérôme Commandeur ou encore l'opportunisme de Sabine Azéma. Pour moi, cette comédie est grinçante et aurait pu être un drame où une famille implose de l'intérieur suite à tous les non-dits et le caractère borné de chacun. C'est une fiction et ce sont de bons acteurs, certes, mais je suis énervé de ce portrait de personnes égoïstes et méchantes qui ne se remettent pas en question et qui se suffisent à elles-mêmes. D'autant plus qu'il n'y a pas de limites et qu'on les remet pas vraiment à leur place ; c'est des petits bourges qui passent leur retraite pépère sur l'île de Ré avec une fille menteuse comme pas deux et un fils (aucune ressemblance physique avec la famille, j'ai mis du temps à comprendre) fermé et bête. Alors peut-être que Jérôme Commandeur, dans sa première réalisation, n'a pas su tirer quelques subtilités à profit du film et de ses personnages. Heureusement, le contraste avec les personnages d'Arthur Dupont et de Valérie Karsenti rassurent car on comprend que le parti pris de figurer cette famille stupide est entièrement volontaire et assumé. Mais personnellement, j'ai eu beaucoup de mal à adhérer à ce concept...