Depuis que je suis abonné à un grand réseau de cinémas, je ne paie que rarement pour aller voir un film dans un autre réseau ou dans une salle indépendante. Cette fois, les 7 € valaient vraiment le coup et je ne comprends pas trop le manque d'amour autour de ce film, une oeuvre de Dolan une nouvelle fois réussie et meilleure que sa précédente.
Oui je trouve ce long-métrage plus plaisant qu'un Juste la fin du monde parfois un peu lourd et qui repose principalement que sur ses acteurs. Là, la mise en scène, sans être époustouflante, fait le taf voire plus quand arrive le générique de début et l'Atlantique qu'on surplombe juste avant d'apercevoir la Grosse pomme avec "Rollin' in the deep" d'Adele, en fond sonore.
On retrouve là le Dolan qui célèbre autant qu'il égratigne les mères. Cette fois, il voit même double avec les personnages de Susan Sarandon et Natalie Portman. C'est un peu tout sur mes mères. Leurs peurs, leur caractère positif, leur combat seule pour élever leur gosse. C'est Mommy multiplié par deux, sans les expressions québecoises ni l'originalité et la virtuosité techniques.
On retrouve aussi le Xavier Dolan qui se fait plaisir, mettant des sons qu'il a écoutés tout comme nous, à la radio voire en CD (une autre époque)... C'est limite générationnel. Quand John F. Donovan (Kit Harrington) chante "Jesus of Suburbia" dans sa muscle car, je suis immédiatement conquis. D'autant plus que la chanson colle au personnage, passé d'une petite banlieue à la grande ville, à la fois aimé et en conflit ardent avec sa maternelle ("I'm the son of rage and love"). Green Day, c'est un peu la BO de ma vie, moi, occidental né au début des années 90.
C'est là l'une des forces de Dolan, nous charmer avec ce qui nous parle tout en parlant de lui avec une distillation de ses petits plaisirs persos... pour amener un thème, une histoire qui lui est chère.
Je ne connais pas sa vie privée mais je l'imagine homosexuel (comme le personnage éponyme du film) et je sais qu'il a été un enfant-acteur comme le petit Anglais (mignon et touchant Jacob Tremblay).
Sans donc être une auto-biographie, ce film relate sûrement d'une certaine façon, son parcours, son combat tout en brossant un portrait peu reluisant de la production télévisuelle qui se veut progressiste mais ne préfère pas qu'une de ses stars, révèle son homosexualité. Histoire de continuer à faire rêver les midinettes...
La starification et ses affres est je trouve, bien représentée dans ce film où on s'ennuie peu, si ce n'est jamais. Et où l'interview au long cours, de l'enfant-acteur devenu star et qui nous fait revenir presque 15 ans en arrière, permet une très belle construction. A la fois sans temps morts et avec des respirations.
C'est l'occasion également de revoir la trop rare Thandie Newton (je suis fan d'Urgences, donc ça fait plaiz', c'est sûr) ou Ben Schnetzer, excellent jeune acteur.
Le reste du cast est au top comme souvent chez Dolan qui réussit bien son virage anglophone. En même temps, a-t-on déjà été déçu par Susan Sarandon, Kathy Bates (un peu moins flippante que dans Misery), Natalie Portman ou même Kit Harrington, beau comme un dieu ?
Je trouve ce film vraiment très bon et je n'en attendais vraiment peu. C'est peut-être pour ça que je suis séduit. Les images me reviennent encore à l'esprit deux semaines après l'avoir vu...
J'ai entendu que Dolan se regardait tourner plus ou moins avec ce film, qu'il était prétentieux. Ma foi, s'il est très bon, tant mieux. Mais je ne trouve pas qu'il en fasse trop...
A la fois très personnel et mainstream, dur et plaisant ; c'est surtout un beau tour de force du Canadien, d'autant plus qu'on connaît l'issue fatale dès le début (ou même avant en lisant le synopsis).
Si à chaque fois que je dépensais 7 €, j'avais le droit à cela... merci le cinéma !

Créée

le 1 avr. 2019

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