Il y a d'abord le personnage dont s'inspire le film: pianiste virtuose, au train de vie et à la mise en scène bling-bling/kitsch (le visionnage de vidéos sur YouTube ne fera que confirmer ce postulat), à mi-chemin entre Richard Clayderman et Frank Michael, Liberace a su dépoussiérer le statut de pianiste/artiste et aura pu se targuer d'attirer la foule, faire salle comble sur son seul nom et don.
Puis, il y a le film: celui-ci revient donc sur la (double) vie de l'artiste, sa manière de la régir et de dissimuler ce qui pourrait être rédhibitoire pour la suite de sa carrière. Et de montrer, l'hypocrisie et l'illusion qu'a volontairement entretenu Liberace durant sa carrière et sa vie: entretien du mythe du Casanova, de l'étalon, culte de la personnalité, virilisation à outrance, tout était prétexte à maintenir intact l'aura de l'artiste. Et de nous montrer que sous ce désir de montrer en public une vie sans aucune aspérité, se cachait, en privé, un homme aux mœurs plus libres.
Soderbergh nous démontre comment un système (celui de la starification) peut "fabriquer" des personnages, combien il est facile de tomber dans les abîmes lorsque l'on est "différents" et donc de la nécessité pour Liberace de cacher et enfouir en public son orientation sexuelle. Le contrôle donc fut le maître-mot de la carrière de Liberace: entre mise en scène de sa vie, mythes, éviction et "nettoyage" de "l'entourage", publication de livres faisant l'ode d'un séducteur de ces dames...tout aura été sous contrôle...jusqu'à l'annonce des causes de sa mort, mort dont la justification est à la hauteur du personnage.
Enfin, un mot sur le casting: la prestation de Michael Douglas est ébouriffante et pleine de malice. Matt Damon n'est pas en reste et fait montre de tout son talent. Et que dire des seconds rôles (le trop rare Paul Reiser, Rob Lowe, Scott Bakula et Dan Arkoyd) qui sont loin d'être des faire-valoir et qui sont de vrais valeurs ajoutées à ce film.
RaZom
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le 7 juin 2014

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RaZom

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