A une période de ma jeunesse, avide de lecture et fan de ciné, je me suis mis à manger des "novélisations" de films. Ma grande erreur était cependant de choisir des livres de films que je n'avais pas encore vus. Du coup, je m'en suis spoilé quelques-uns. De gentils spoils, comme Starship Troopers, étant donné que le film ne contient que peu d'éléments spoilables, ou comme le fan, plus ou moins au même niveau de ce point de vue là. Et de gros spoils bien regrettés par la suite, comme The Game, par exemple.
Bien que Mad City entre dans la première catégorie des films peu spoilables, il m'est néanmoins difficile d'écrire cette critique. Tout d'abord parce que j'ai du, après l'avoir lu, le voir une première fois en français, surement à la télé, et que ceci reste un de mes pires souvenirs de doublage, principalement par la faute du doubleur de Travolta, qui, surement mal (peu, pas ?) dirigé, gâchait considérablement le film, par sa surexcitation surjouée.
Mais aussi, et surtout, parce que ce film a, dans la forme, tout d'un téléfilm (ce qui, je pense, est probablement un parti prit, vu le sujet traité) et que du coup, la "novélisation" semble paradoxalement presque un meilleur média pour le sujet, que le grand écran.
Le sujet en lui-même reste cependant excellent, surtout quand, comme moi, l'on éprouve une répulsion féroce pour la télé, et surtout ce qui (avant l'arrivée de la téléréalité) en faisait sa pire composante, à savoir le fait divers ultra-médiatisé. De plus, non content de se cantonner à ce sujet principal, quelques petites piques sont assénées à d'autres tares telles que le port d'arme aux Etats-Unis, ou la misère sociale et intellectuelle dans lesquelles sont maintenus les honnêtes gens.
Mais cependant, tout n'est pas parfait. Bon, en VO, les acteurs sont très bons, et pourtant je n'ai jamais eu aucun soucis à casser du sucre sur le dos de Travolta quand il le mérite. Mais ici, il maîtrise étonnamment bien son rôle, sachant faire preuve d'une humilité peu courante pour cet adepte du star-system (et de la scientologie, accessoirement). Et, si j'ai pu lire de-ci, de-là, que certaines personnes trouvaient que Dustin Hoffman cabotinait ou en faisait trop, je n'ai, personnellement, rien à lui reprocher dans sa façon de traiter son rôle avec un certain flegme teinté de cynisme.
Là où le film pêche un peu, c'est par exemple dans une élongation parfois un peu outrancière de sa durée proportionnellement à la densité du propos. Ceci est renforcé par ce parti prit "télévisuel" énoncé précédemment, qui, s'il est une bonne idée sur le papier, ne tiens pas la longueur. Et puis, quand même, certains "hasards" de scénario semblent parfois un peu trop opportuns pour être totalement crédibles (toute la partie sur son collègue par exemple, SPOIL que ce soit son "accident" comme sa fin tragique, FIN DU SPOIL et qui servent au moins autant de ressorts scénaristiques un peu bancals que de prétexte à introduire une thématique sur les conflits ethniques). Et par quelques légères incohérences ou "facilités", qui viennent aussi s'ajouter aux défauts.
On pourra également reprocher un manque de finesse dans le traitement de l'évolution mentale de la "disciple" de Hoffman, qui peut sembler un peu trop rapide et superficielle, surtout vers la fin. Mais dans l'ensemble, et s'il n'a peut-être pas tout à fait la force d'un "Le Couperet" par exemple, ce Costa Gavras n'en reste pas moins une bonne pioche, si tant est qu'on soit intéressé par le sujet. Car sinon, il est sur qu'il peut sembler un peu Gavrant (pun intended).