Flasque Max

Monument du cinéma post-apo', la saga Mad Max s'est voilà peu refait une jeunesse avec grand fracas sous la houlette d'un George Miller revenant à ses premiers amours ; succès critique indéniable, Fury Road suscitait par la même occasion un besoin, si ce n'est une envie, de (re)découvrir une trilogie originale débutée près de quatre décennies auparavant.

Doté d'un budget aux antipodes du dernier-né de la franchise (400K A$ contre 150M $), Mad Max premier du nom arbore une étiquette de film culte ayant marqué de son empreinte pneumatique tout une génération, alors je pensais que mon premier visionnage, lointain et succinct, trouverait aujourd'hui une conclusion favorable ; n'en déplaise aux amoureux dudit long-métrage, la douche froide me guettait finalement au tournant, et m'apparaît au bout du compte comme davantage redoutable que les maigres dangers parsemant un récit boiteux.

Certes, cette dégaine cheap à souhait que se traîne son prétendu décor post-apocalyptique tient surtout de moyens techniques limités, mais là n'est pas la seule explication : entre une musique ronflante à outrance, à même d'accroître une grandiloquence ambiante, et une mise en scène malmenée au gré d'un montage un peu trop en jambe et d'une déliquescence visuelle chronique, Mad Max n'impressionne guère, bien au contraire.

Sans pour autant virer au ridicule, ses courses-poursuite laissent donc dubitatif, et l'on est bien en peine de se prendre au jeu d'une intrigue désincarnée : fort d'une atmosphère à peu de chose près fade, l'immersion ne s'opère pour ainsi dire jamais, la vraisemblance zéro de ce cadre faussement anarchique s'arquant autour d'une galerie de personnages aussi paumés qu'une piètre mythologie environnante ; globalement peu crédibles, ces derniers font toutefois preuve d'une saugrenue convergence entre ton décalé et prestance latente, de quoi illustrer le statut d'oeuvre originale comme à part que revêt Mad Max.

Un film étrange au demeurant, dont l'inspiration un tant soit peu recherchée (choc pétrolier, âpreté naturelle de l'asphalte et décadence humaine) se voit noyée au sein d'un sacré foutoir, aussi bien formel qu'intrinsèque ; et quand bien même l'icône en devenir qu'est Max Rockatansky laisserait entrevoir un potentiel (anti-)héroïque certain (Mel Gibson s'en tire plutôt bien), le récit et ses ficelles scénaristiques trop évidentes démontent peu à peu toutes chances d'instaurer un semblant de suspense.

Au sortir de ce véritable pétard mouillé, on ne peut qu'espérer que le meilleur soit à venir, tandis que l'on se contentera jusqu'ici d'un casting somme toute captivant, à l'image d'un Hugh Keays-Byrne mémorable et d'une Joanne Samuel fort surprenante... en sa qualité de figure la plus crédible du lot.