Après avoir mené une vengeance personnelle face à un monde impitoyable qui l’a privé de tout ce qu’il aimait, « Mad » Max arpente le désert en quête d’essence, comme une ombre qui plane sur ces étendues désertiques.


Après un premier épisode où subsistaient encore des bribes de civilisation, Mad Max 2 s’enfonce dans le désert pour ôter un maximum de vie du cadre et isoler son héros dans ces décors désolés. Les premières images du film poursuivent cette démarche de faire de Max une vraie figure, voire une légende, avec cette voix off qui nous invite à découvrir ce moment où le narrateur fit la rencontre de ce guerrier solitaire et mystérieux qui arpentait les routes. Celui qui, avant, tentait de faire régner la loi là où elle semblait ne plus avoir la moindre influence, est devenu un guerrier silencieux, réduit à la même activité que les bandits qu’il chassait : la quête d’essence. Mad Max devient The Road Warrior, titre volontairement trompeur pour le public américain qui avait été quelque peu frileux vis-à-vis du premier film, mais pourtant bien adapté à l’image portée par le personnage principal, quand le public français découvre Mad Max 2 : Le Défi.


Si le premier film le faisait déjà, ce second épisode continue de puiser abondamment dans les codes du western, qu’il manipule et adapte dans un registre nouveau et particulier. Nous retrouvons donc ce guerrier solitaire, silencieux et charismatique, qui se retrouve malgré lui associé au destin des autres au gré de ses pérégrinations, suivant un chemin que pouvait déjà emprunter un certain Clint Eastwood dans la trilogie du dollar. C’est aussi la vision d’un fort rudimentaire créé au beau milieu du désert, où se regroupe une population hétéroclite cherchant dans l’union un moyen de survivre dans ces terres hostiles, où ils sont régulièrement soumis aux attaques des bandits de la route. Des bandits dont les attaques rappellent forcément les attaques d’indiens dans les western d’époque, auxquels Mad Max 2 va continuer à rendre hommage en mettant en scène un véritable convoi qui se retrouve attaqué par une horde de bandits assoiffés de sang et d’essence. Avec Mad Max 2, c’est tout ce qui fait la spécificité de cet univers qui prend vie devant les yeux du spectateur, dans un déluge d’action spectaculaire.


Ici déjà, trente ans avant Fury Road, qui semble avoir bien pris exemple sur ce second film, s’exprime la démesure de cette univers et l’ambition sans failles du cinéaste. Finie la modestie du premier film, avec ces nouveaux moyens, tout est possible, et cela se voit à l’écran. Impressionnantes, les scènes d’action tiennent en haleine le spectateur, qui se retrouve face à une débauche de vrombissements de moteur et de tôle froissée, où tout est vrai, sans le moindre trucage, faisant de ce second film un véritable tour de force complètement fou. A cela s’ajoutent les accoutrements et les looks complètement excentriques des bandits, toujours aussi bigarrés et étranges, pour toujours susciter chez le spectateur ce malaise ambiant qui règne dans ce monde en ruines.


Pas de compromis ni de détail dans Mad Max 2, qui ne s’impose aucune limite, trouvant dans cette volonté de ne jamais tricher de véritables instants de bravoure cinématographiques pendant lesquels la moindre erreur pourrait être fatale. Tout est réel, trop réel, et c’est probablement ce qui fait le plus peur dans cet univers post-apocalyptique. Le temps continue de s’écouler dans ces contrées désertiques, pendant que le guerrier de la route sillonne la route comme toutes ces âmes perdues.


Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art
Critique écrite en 2014 et réécrite en 2020

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le 19 sept. 2014

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