Pourquoi existe-t-il une haine farouche envers la troisième aventure de Max Rockatansky ? Pourquoi la majorité du public catalogue-t-il Mad Max : au-delà du Dôme du Tonnerre dans l’univers des nanars ? Est-ce du au changement radical de ton qu’adopte George Miller pour son nouveau film ? Au manque de rythme qu’il inflige pendant cette longue heure quarante cinq ? Ou encore à la mauvaise prestation de Tina Turner ? Il se trouve que le dernier volet de la trilogie est tout simplement mauvais pour toutes ces raisons, et bien plus encore !

Et la première chose qui frappe (et qui fâche vraiment), c’est le non-respect qu’à Miller pour son personnage principal, cet anti-héros qu’est Max, toujours magistralement joué par Mel Gibson. Si les deux premiers opus démontraient qu’il n’avait que ses propres intérêts en vue, le brusque revirement de sa psychologie est à vomir. Depuis quand doit-il être le défenseur des opprimés ?

La première partie du film nous montre qu’il ne désire que récupérer ses affaires qu’on lui a volé au début (et c’est peut-être la seule partie valable de ce métrage, sans être foncièrement intéressante), mais la suite gâche absolument tout. Max essaye de faire son rebelle devant cette grande bande de gamins, ces Enfants Perdus tout droit sorti de Hook ou la revanche du Capitaine Crochet (oui, même si ce Mad Max est sorti six ans avant, c’est pas grave), mais ne parvient qu’à être pitoyable, et nous prouve une fois de plus que, finalement, le baby-sitting, c’est chiant. Du coup, le film lorgne dangereusement vers Les Goonies, et on se demande carrément si on est bien devant un épisode de Mad Max.

kinopoisk.ru La conséquence de tout ce bordel a pour effet la chose la plus déplorable : l’absence de violence. Max ne tue absolument personne, il n’a jamais la rage qui le caractérisait si bien, et tout est édulcoré pour un magnifique film familial. Les méchants sont affreusement caricaturaux et insipides, là où les antagonistes de Mad Max 2 : le défi étaient juste cinglés à faire peur. Zéro tension pour 100% d’Ewoks-style (Le retour du Jedi est sorti deux ans avant). Ajoutez à cela une musique insupportable et omniprésente, et vous avez la quintessence de l’épopée enfantine des années 80 par excellence (ce qui n’est bien sûr pas un compliment pour cette franchise).

Pire, l’univers tant réussi dans les deux précédents chefs-d’oeuvre est ici très mitigé. La bonne idée, c’est peut-être de montrer qu’il y a un espoir dans tout ce fond dramatique. Barter Town, la ville dirigée par le personnage de Tina Turner, est en pleine croissance. L’évolution ne se fait pas sans mal, mais nous sommes dans une reconstruction du monde, et ça change. Mais d’un autre côté, certains rajouts plombent totalement ce plaisir : une prophétie à deux balles, des combats ringards, des enjeux foutrement ridicules et vides de sens…

Et le comble du comble, l’apothéose parmi les apothéoses, c’est la fin. La dernière partie nous offre, comme d’habitude chez Mad Max, une course poursuite spectaculaire, sauf qu’ici, elle spectaculairement ridicule. L’analogie au western est bien trop appuyé (des bandits qui tentent d’envahir un "train" en marche), et malgré deux trois plans convaincants, on est à dix mille lieux d’une scène aussi immersive et saisissante que Mad Max 2 : le défi. Elle nous a même décroché un bâillement, c’est dire. Aucunement épique.

Ce qui reste de Mad Max : au-delà du Dôme du Tonnerre, c’est l’ennui total. On essaye de se raccrocher à certains détails qui pourraient faire la différence, mais ce n’est définitivement pas possible. Du moment où le héros est saccagé, que le monde n’a plus rien à voir, et que la portée destructrice que possédaient les premiers opus s’est vue remplacer par une ambiance presque proprette, il n’y a plus rien à en tirer.

POUR LES FLEMMARDS : Plus rien d’épique, violence au niveau zéro, aucun méchant valable, un héros saccagé au profit d’une ambiance Gooniesnesque : le troisième Mad Max est un pur massacre. En tout point.

Créée

le 11 sept. 2014

Critique lue 400 fois

Critique lue 400 fois

D'autres avis sur Mad Max - Au-delà du dôme du tonnerre

Mad Max - Au-delà du dôme du tonnerre
Gand-Alf
6

We don't need another "Mad Max" !

Nous sommes au milieu des années 80, Mel Gibson est en passe de devenir une star, le culte de l'image est déjà là et Warner décide d'allouer de gros moyens à George Miller pour qu'il leur torche un...

le 29 déc. 2012

60 j'aime

9

Mad Max - Au-delà du dôme du tonnerre
NeeKoh
5

Le complexe du Messie

Voilà, la retrospective Mad Max que je me suis imposée il y a quelques jours de celà est à présent achevée avec le générique de fin de ce dernier opus en date. "We don't need another hero !" y clame...

le 18 juil. 2013

44 j'aime

6

Mad Max - Au-delà du dôme du tonnerre
Samu-L
5

Mad Max et les enfants perdus de Neverneverland

Un Mad Max qui commençait plutôt bien, dans la lignée des précédents, avec notamment une excellente scène d'action dans le combat qui oppose Max à Blaster sous le dôme du tonnerre. Malheureusement...

le 26 mai 2015

34 j'aime

7

Du même critique

Santa Clarita Diet
Djack-le-Flemmard
6

Les Desperate invitent Hannibal Dexter chez Walking Dead !

A taaaable ! Netflix vous a préparé un petit festin, avec un programme chargé en barbak humaine et autres mets excessifs ! Un peu comme si les Desperate Housewives invitaient Hannibal Lecter et...

le 21 févr. 2017

7 j'aime

X-Men : Apocalypse
Djack-le-Flemmard
6

Quand un na'vi attardé recrute les Power Rangers

3600 ans avant notre ère, un vioque fatigué s’apprête à réaliser un rituel anti-ride pour se faire une seconde jeunesse, aidé par quatre potes à lui. Il y parvient non sans mal, car ils sont attaqués...

le 21 mai 2016

7 j'aime

3

Dragon Ball Super
Djack-le-Flemmard
6

Critique par paquet de 10 épisodes

Dragon Ball Super est la suite directe du manga Dragon Ball, et donc de l’anime Dragon Ball Z, à l’image du tristement célèbre Dragon Ball GT. A ceci près que les différences sont nombreuses, et la...

le 7 mars 2016

7 j'aime

1