Ayant distribué Mad Max 2 sous le titre "The Road Warrior" sous prétexte que personne ne connaissait le 1 aux états unis, la Warner Bros. se met subitement à considérer l'objet comme un investissement sans risque... En effet, une horde de suiveurs et d'ersatz de l'univers de George Miller vont s'empiler jusqu'au cœur des années 90 ( WaterWorld, si tu nous lis... ) donc ça serait con de pas produire soi-même le vrai de vrai.
Mais deux éléments vont comploter pour que Miller se désintéresse de ce projet. Tout d'abord, Warner veut faire un Mad Max plus tendre, pour ne pas dire familial... Et ensuite, Byron Kennedy, son partenaire financier de toujours et ami de longue date, va trouver la mort dans un tragique accident d'hélicoptère. Il annonce aux producteurs qu'il veut bien s'occuper des scènes d'action et laisser le reste à un autre George, le premier qui vient, y s'en fout.
Rendez-vous compte. Le mec demande littéralement à être propulsé au rang de seconde équipe... Plus question dès lors de s'attendre à une digne suite du 2.
L'incipit n'est pourtant pas de mauvais augure. S'étant fait piquer tous ses biens, Max accepte un deal en or pour les récupérer : péter la gueule à un gros figurant dans une arène du tonnerre. En forme de dôme. Avec des élastiques. Dans une lumière bleutée avec des contre-jours typiquement eighties. Si vous n'aimez pas ça, c'est que vous n'êtes tout simplement pas faits pour le cinéma !
Nan, c'est après que ça se gâte. Miller désertant l'acte 2, on bifurque sans préavis vers un segment qui... J'ai beau le prendre par tous les côtés... Ne marche pas. Un délire messianique chelou avec des Ewoks. Enfin c'est des gamins, mais ils me font le même effet que les Ewoks du Retour du Jedi.
L'idée de faire une adaptation punk de Lord of the Flies n'est pas mauvaise en soi, mais il aurait fallu qu'on découvre la communauté d'enfants avant d'y plonger Max. Là le spectateur aurait eu un repère préalable de qui sont les forces en présence, et aurait gouté aux joies de l'ironie dramatique quand les enfants le prennent pour un sauveur.
Au lieu de ça, on a un Mel Gibson qui se demande ENCORE PLUS ce qu'il fout là que son personnage, et vingt bonnes minutes de flan tout mou au milieu d'un Mad Max... Inacceptable.
Cet opus est le mal aimé de la série, à juste titre. Mais il faut reconnaitre que quand Miller reprend les commandes, il y a de quoi retrouver le sourire. Même parasité par ces maudits Ewoks, le final renoue avec cette maitrise formelle de l'action, des cascades et du grand spectacle qui a fait le succès de la série.
Au demeurant, Tina Turner joue plutôt bien, ses chansons resteront plus longtemps dans les mémoires que le film lui-même, et ça serait bien triste que George en reste là. Moi je verrais bien un quatrième épisode, un jour. Même dans longtemps, c'est pas grave !