En une réplique située aux 2/3 du film, tout le projet artistique et de mise en scène de George Miller est résumé.
A l'heure où les films d'action ne font plus confiance à son spectateur ; où l'on sur-caractérise jusqu'à outrance des personnages peu consistants ; où l'on sur-découpe les scènes d'action jusqu'à les rendre pour la plupart illisibles ; où l'on ne convoque plus l'imaginaire du public et préfère noyer des scripts écrits sur une nappe de table enrobés de blagues cyniques annulant toute implication dans l'histoire proposée ; un homme de 70 ans propose de tout recommencer à zéro.
Caractériser des personnages en quelques secondes, voire en un plan ; proposer une intrigue allant à l'essentiel, sans superflu ni bout de gras ; faire confiance au public en proposant un SCENARIO (oui, il y en a un) simple, premier degré, mythologique, sans cynisme ni posture aucune ; proposer une expérience viscérale, immersive, sensitive, universelle (à 2-3 détails près, le film pourrait être entièrement muet) incluant des scènes d'action d'une virtuosité sans équivalent, atteignant même une forme de grâce et de poésie.
MAD MAX FURY ROAD n'est pas un blockbuster d'action ; c'est un tract militant contre un nivellement par le bas du cinéma d'action, et même du cinéma hollywoodien général. Une proposition à tout remettre à plat, revenir aux origines du cinéma et de l'imaginaire, reproposer des films qui flattent l'imaginaire et l'intelligence du spectateur.
Bref, on recommence à zéro.