Tout le génie de Mad Max: Fury Road réside en le fait qu'il va droit à l'essentiel. Pas d'intrigue barbante et inutile, pas de personnages clichés et faussement développés, pas de poncifs faciles et moralistes. Tout l'univers du film est développé par de subtiles références glissées çà et là en quelques rugissements, éléments de décors et autres bribes de dialogues pour qui saura les déceler. On a néanmoins prêté au film un message féministe. Certains y verront un message fort et engagé, quand d'autres n'y verront qu'un moyen de faire original tout en ponctuant toute cette brutalité d'un peu de douceur et de raffinement. Hormis cela, les acteurs ne font guère que grimacer, grogner, hurler, sauter en tous sens, mais ils le font très bien.
Ce qu'il nous épargne en bondieuseries, Fury Road le rend au centuple dans une mise en scène endiablée et un sens du rythme assez exemplaire qui s'illustre par une parfaite absence de longueurs. Les très rares temps morts ne durent que le temps de jolis panoramas sur le Kalahari ou sur les astres, qui sont d'ailleurs bien les seuls à demeurer en paix dans cette cavalcade effrénée.
Du reste, c'est une fantastique chorégraphie qui se déroule sous nos yeux: l'action enchaîne tambour bâtant sous de galvanisants riffs de guitare, et l'on reste cois devant la quasi absence de CGI qui, outre la performance qu'elle constitue, donne un côté brut à la mise en scène que l'on ne voyait plus depuis bien longtemps.
Seuls viennent jurer quelques effets grotesques et affreux pour justifier du label 3D en salle, notamment sur la fin et son odieusement kitch volée de débris visiblement modélisés dans les années 80. On pourra également regretter que le film s'insère dans l'univers de la série au marteau et au burin, avec un Rockatansky réussi mais quand même assez hors-sujet, et quelques autres invraisemblances certes tolérables.
Tout cela m'incitera donc à sauter volontiers dans la grande Chevauchée de la Hype et à dire, après trois visionnages s'il vous plait, que Mad Max : Fury Road est certainement le film d'action pure qui m'ait le plus réjouit jusqu'ici.