Dystopie classique du cinéma, Mad Max est avant tout une franchise qui a connu un succès fulgurant dans les années 80, succès qui se prolonge de nos jours avec la sortie inattendue mais bluffante d'un nouvel opus pas moins de 36 ans après le premier volet ! George Miller a réussi à donner naissance avec ses oeuvres à un nouveau genre de film post-apocalyptique, à mi-chemin entre le western et le film d'action, pour le plus grand plaisir des spectateurs que nous sommes.


Personnellement, Mad Max, je connaissais de nom mais ça s'arrêtait là. La sortie de Fury Road approchant, je me suis donné comme objectif de regarder la saga des années 80 avant de partir le voir. J'ai donc eu la chance de découvrir tout cet univers quasiment d'une traite, en l'espace d'une semaine ou deux semaine du moins. C'est donc l'occasion rêvée de donner mon retour sur l'intégralité de l'oeuvre que représente Mad Max... Histoire de faire les choses correctement, cette quadri-critique va se dérouler de manière chronologique bien entendu.



Mad Max (1979): La naissance d'un empire.



Les gouvernements s'effondrent, les gens retombent à leurs instincts primaires... Tel est la situation de départ de Mad Max premier du nom. De véritables groupes de pirates voient le jour sur les routes d'Australie, seule une brigade de police se démène pour essayer de maintenir un semblant de calme et protéger ainsi les populations. Meilleur élément de sa brigade, Max policier dévoué, essaye tant bien que mal de profiter de la vie avec sa famille malgré les temps durs. Lors d'une intervention, il arrive à arrêter un membre important du plus grand gang de motards de la région, ce dernier meurt dans un accident de la route durant la course poursuite. S'en suit alors une véritable vendetta à l'égard de Max et sa famille. La vengeance entraîne la vengeance, et est bien souvent lourde en conséquences...


Un premier film à petit budget si on le compare aux autres volets, qui pose néanmoins les bases de la saga. Mad Max est en quelque sorte un prologue, il explique comment Max, flic certes très doué mais assez normal, est devenu "Mad". L'univers présenté dans le film n'est pas encore désertique et apocalyptique, on se contente d'évoluer à travers une Australie en ruine qui court vers sa perte. Si le scénario n'est pas des plus original, force est de constater que la réalisation est déjà très intéressante. Un des premier gros point fort du film est au niveau de sa caméra. Complètement folle, alternant des plans rapides ainsi que des angles de vue différents, elle donne un certain rythme à la narration et amplifie le sentiment d'immersion durant les nombreuses courses poursuites. Le second point intéressant, et qui est vrai pour l'intégralité de la franchise, c'est la mise en place de personnages complètements fous, qui perdent petit à petit leur humanité. Le groupe de motards se comporte un peu comme la bande de jeunes dans Orange Mécanique, vivant en pillant, volant et violant à tout-va, pour le plaisir de faire du mal: l'Homme devient un véritable animal. Enfin on appréciera également Mel Gibson dans le rôle principal, qui pour le coup n'était alors pas encore connu, qui nous offre une prestation exemplaire, collant à la perfection au personnage.Vrombissant comme un moteur de V8, Mad Max offre une expérience déjà très jouissive, mais ce n'est rien par rapport à ce qui va arriver ensuite...



Mad Max 2 : Le Défi (1981): Encore plus loin dans la folie.



Les guerres et conflits pour le pétrole ont ravagés la Terre, laissant un vaste désert remplacer le peu de paysages encore verdoyants. Les survivants vivent dans la plus grande précarité, bien souvent en meute, réduits aux plus bas instincts. Néanmoins certains préfèrent s'exiler plutôt que de former des bandes... C'est le cas de Max, ancien héros de son temps qui, ayant tout perdu, vit seul au gré des vents à la recherche de quelques gouttes d'or noir pour alimenter son précieux bolide. Son errance le mène un jour aux abords d'un camp de réfugiés qui arrivent avec une installation de fortune à raffiner du pétrole, attisant la convoitise d'un autre groupe particulièrement violent. Max ayant cruellement besoin de carburant et chauffeur hors pair, va se retrouver mêlé à cette histoire...


Si le premier film Mad Max, bien que sympathique, semblait ne pas avoir bouleversé son temps, on est ici en présence d'un véritable électrochoc pour le cinéma d'anticipation. L'univers proposé par Miller va bien au delà de la simple folie, il offre aux spectateurs une vision bien plus trash de la fin du Monde. Dès la scène introductive passée, on assiste à une course poursuite bien moins "sage" que celles proposées auparavant... Si un semblant de loi était encore discernable dans le premier opus, il n'en est rien ici. Tout est pessimiste, la survie est au centre des préocupations de chacun, l'altruisme mort depuis des décennies. Miller donne ici réellement naissance à ce qui fait de Mad Max une saga unique. Les véhicules poussiéreux laissent place à de véritables machines de guerres, qui croulent sous un tuning tapageur; les combinaisons des motards sont remplacées par des tenues outrageantes, à la limite du look sado-masochiste... Tout est plus puissant dans cet épisode, on pourrait presque parler d'une sorte d'excès maîtrisé. Fini les pincettes, Miller attaque directement avec ce film les choses sérieuses. Alors certes c'est très 80's (on parle tout de même d'un film plus très jeune maintenant) mais qu'importe, son univers est tellement riche et bien développé, que le film en devient presque intemporel... Toutes ses raisons font que Mad Max : Le Défi est sans l'ombre d'un doute l'épisode qui représente le mieux l'intégralité de l'oeuvre, celui que vous devez voir à tout prix si vous deviez en choisir qu'un !



Mad Max : Au-delà du dôme de tonerre (1985): Un faux pas difficilement compréhensible.



Je sais que pour les deux premiers volets, j'ai commencé par un petit résumé court et sérieux pour mettre en place la situation, mais je ne peux m'empêcher de faire ce que je vais faire, aussi veuillez m'en excuser...


C'est l'histoire de Max qui fait du chameau dans le désert. Malheureusement un méchant avion lui vole ses affaires... Il décide donc de rejoindre "Etron City", la première ville au Monde à fonctionner grâce au méthane contenu dans les excréments de cochons. Cette ville est gouvernée par Tina Turner, qui n'a visiblement pas pris suffisamment de cours de théâtre. Max, sûrement grand fan de cette dernière, décide de lui rendre visite. Elle lui propose un marché invraisemblable qui visiblement et contre toutes attentes semble convenir à Max, qui a du passer trop de temps au soleil: il doit se battre dans une aire de jeu pour enfant géante à la loyale dans un match à mort avec le pendant puissant du duo Laurel et Hardy à l'origine de l'énergie qui alimente la ville. Pas dupe, Max décide de voir le bonhomme avant de donner son accord. Il descend donc dans le sous-sol pour rencontrer ce type et découvre par le plus grand des hasards son point faible: il déteste la flûte. Le combat le plus épique de l'histoire du cinéma commence ensuite entre les deux hommes, et fort heureusement pour Max, qui bien que trichant galère un peu, son plan marche à merveille. Il parvient à vaincre son adversaire et se rend compte que ce dernier n'est qu'un monstre stupide et décide de l'épargner. Le public est en délire jusqu'à ce que Tina Turner, visiblement peu satisfaite de l'issue du combat ne surjoue à mort, ayant ainsi pour incidence de changer l'avis du public. Max ayant trahi la règle qui exigeait la mort d'un des deux participants, est condamné à jouer à la roue de la fortune, jeu auquel il n'est visiblement pas très bon puisqu'il se retrouve attaché à l'envers sur un poney avec un masque de guignol sur la tête expédié au fin fond du désert... KAMOULOX
C'est à cet instant précis mes amis que je me suis demandé: "Mais Mad Max c'est pas des types qui se battent pour de l'essence avec des courses poursuites en bagnole ?!"


Derrière le ton moqueur que je me permets d'employer ici se cache une triste réalité... Cet opus est un réel fiasco. Loin de l'univers maîtrisé à la perfection des précédents (et surtout du précédent), Mad Max : Au-delà du dôme de tonnerre ressemble plus à une mauvaise blague qu'une simple suite. La question qu'on est en droit de se poser, c'est comment est-ce qu'une saga pareille a pu se détourner à ce point de la ligne directrice qui avait été tracée par ce génie de Miller auparavant. Si le début du film est assez drôle au final, bien que ce ne soit pas forcément ce qu'on cherche quand on lance un Mad Max... , la suite est totalement dénuée de sens. Si vous cherchez effectivement des courses poursuites en véhicules, rassurez-vous, il y a bien une vers la fin qui semble avoir été ajoutée pour pouvoir satisfaire tout le monde mais qui s'avère également être la course poursuite la moins crédible et la plus aseptisée du Monde. J'apprécie beaucoup la saga, mais n'étant pas non plus un fan de la première heure, je n'ai pas été déçu au point de ressentir de la haine pour ce film. Je dirai simplement que je n'ai pas passé un mauvais moment parce que je savais à quoi m'en tenir avant de le voir... Mad Max : Au-delà du dôme de tonnerre est bourré de défauts, à la limite du nanar, véritable blasphème pour les puristes et simple faux pas à mon sens. Notons qu'il m'a vraiment fait penser à Alien 4 (film que pourtant j'aime plutôt bien...) dans son approche presque comique et surtout étrange par rapport au reste de la saga.



Mad Max : Fury Road (2015): Le retour en force.



Contre toutes attentes, une bonne trentaine d'année plus tard, Miller est de retour avec un nouveau volet pour sa saga, qui s'était alors clôturée sur un épisode contesté... Les retours quasiment unanimes quant à la qualité du film m'ont donné envie de me lancer dans l'aventure Mad Max, mais qu'en est-il alors réellement ?


Les guerres ont par le passé transformé le monde en véritable désert. Le climat s'est réchauffé, l'eau commence à se faire rare. Si le manque de pétrole n'avait pour effet que de dissoudre les peuples, le manque d'eau lui tue directement et sans concession. Profitant de la situation pour obtenir le pouvoir, Immortan Joe (humain monstrueux ayant visiblement mal réagit aux retombées radioactives) s'auto-proclame chef et construit un véritable empire. Il forme une grande armée de fanatiques prêts à mourir pour sa gloire, enferme les jeunes femmes pour son plaisir personnel essayant ainsi de donner naissance à un héritier valide, et va même à produire du lait maternel humain avec d'autres pour pallier au manque d'eau et nourrir "sa cour"... Max, captif dans une des prison du monstre, va profiter de la fuite d'une guerrière, Furiosa, avec les favorites de Immortan Joe pour s'enfuir également. Afin de survivre, pas d'autre choix que de s'allier avec elles. Il s'en suit alors une véritable course poursuite à la recherche de l'indépendance et de la liberté...


Décoiffant littéralement tous les autres blockbuster de ces dernières années, Mad Max : Fury Road est un des films les plus jouissifs de l'histoire du cinéma. George Miller du haut de ses soixante-dix balais arrive à donner naissance à une oeuvre grand public en accord avec l'univers de l'ancienne saga mais avec trente ans d'avancée technologiques en plus. Divertissement dans sa forme la plus pure, le film est une successions de scènes plus explosives les unes que les autres, offrant deux heures de pur plaisir à quiconque décide de se lancer dans cette grande aventure. C'est un véritable spectacle qui regorge d'inventivité que nous propose ici Miller. L'histoire est simple mais très efficace, le rythme est complètement dingue, et derrière le film se cachent de réels propos sur le pouvoir et donne aux femmes un rôle primordial qui pour une fois dans ce genre de production ne se font pas totalement happer par le héros masculin badass.


Niveau casting, on citera surtout les deux personnages principaux, en commençant par Charlize Theron qui joue le rôle de Furiosa et qui nous offre une performance remarquable; mais aussi bien entendu Tom Hardy dans le rôle de Max qui arriverait presque à faire oublier Mel Gibson, ce qui n'est pas tâche aisée...


Esthétiquement et techniquement c'est une véritable claque. On peut trouver des plans magnifiques toutes les cinq minutes... Pour n'en citer que quelques uns, j'ai particulièrement été bluffé devant l'arrivée dans la tempête de sable ou encore la course poursuite dans le marais.


Toutes ces raisons font de Fury Road une des plus grandes productions de ces dernières années, du moins dans le domaine du blockbuster. Le film n'est pas forcément exempt de défauts (j'ai d'ailleurs préféré la première moitié du film) mais ils se font littéralement effacer par le plaisir que procure le visionnage.



BILAN



Mad Max est une saga qui vaut clairement le détour, vous avez tout intérêt à vous pencher sur cette dernière si vous ne la connaissez pas encore. Difficilement classable dans une quelconque catégorie, elle offre une expérience unique et très bonne dans sa globalité. Je n'ai qu'une chose à dire: vivement le cinquième volet de la série prévu pour 2016 !

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le 28 mai 2015

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Psycox

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