Le dernier Miller est un retour aux sources, un retour sur l'univers post-apocalyptique de Mad Max.
Il a choisit fort heureusement de ne pas mêler le facho Gibson à l'aventure. En voyant le film, on comprend pourquoi. Parce qu'il y a erreur sur l'emballage, l'habit ne fait pas le moine. Sous des dehors de Blockbuster dopé à la testostérone (je ne reviendrais pas sur l'aspect visuel complètement dingue du film, en effet il est Mad un max) c'est un film presque à l'ancienne, où la virtuosité des cascadeurs et des artificiers est rehaussé par la magnifique photo de l'ensemble.
Mais derrière tout cela on découvre un film d'auteur sur l'impasse du patriarcat !
Revenons à l'histoire. Trois villes produisant chacun une spécialité (carburant, armes, nourriture) dirigé par trois hommes aussi malades (pustules…) et estropiés (pas de bouche, pas de nez, pas d'yeux) les uns que les autres. Ils sont les représentants d'une autorité masculine productiviste et destructrice de la diversité biologique.
Et voici venir poindre la dimension contradictoire du message de ce film : Pour fuir ce monde condamné, et en chercher un meilleur il faut utiliser un véhicule lourd et polluant, autour duquel cette société (et par conséquent la nôtre) s'est bâti : la voiture (et ici le camion).
Ce paradoxe est relayé par le message intrinsèque du film basé lui aussi sur une grosse contradiction. En effet on paye pour voir un gros film de cascade pour amateur de tuning bas du front (un Fast & Furious pour punk) et on tombe sur un film qui nous annonce bravement que l'avenir serait plutôt clitoridien.
Une course poursuite haletante en deux temps. Les hommes poursuivent les femmes, ici symbole d'espoir. Ces femmes sont magnifiques, bien carrossées pour reprendre une thématique pro-tuning qui ne fera pas tâche sur ce film. Elles sont les belles reproductrices et elles se font la malle.
Les Mâles (justement), une fois le poteau rose découvert, se lancent à leur recherche.
Je ne passerais sur les différentes péripéties, je ne vais pas tout vous spoiler.
Mais sachez néanmoins que c'est une histoire digne de légendes parce qu'elle utilise la technique d'un des frères Horace (http://fr.wikipedia.org/wiki/Combat_des_Horaces_et_des_Curiaces). La furie du titre est bien réelle au premier degré mais se réfère également à la mythologie grecque (http://fr.wikipedia.org/wiki/Érinyes). L'intrigue porte sur un aller et un retour (un peu retord) dont le message sous jacent est que l'homme n'apporte que la destruction.
La fuite n'est pas la solution, pour survivre il faut revenir en arrière pour être en mesure de prendre de bonnes et nouvelles directions qui permettront de changer les hommes et donc le monde.
Les femmes portent en elles les graines de l'avenir (dans tous les sens) et Mad Max sauve une des femmes et dans le dernier plan leur laisse entièrement la place.
Le Pouvoir devient un matriarcat.
Alors certes il y a des filles bien fichues (incapables de briser une chaine avec une pince) ce sont les reproductrices du big boss et il a le droit d'avoir des femmes bien tunées, mais il y en a aussi des mutilés un brin vacharde (c'est sans doute pour cela qu'il fait vache manchot dans le film) des vieilles canardeuses. On a le sentiment que le réalisateur à pris un malin plaisir à prendre les poncifs du cinéma hollywoodien pour leur faire prendre un itinéraire bis pas franchement indiqué sur la carte du politiquement correct (patriarcalement parlant, comme Jeanne d'ailleurs).
Certes y'a pas beaucoup de dialogues, mais la mise en scène visuelle et sonore suffisent à faire passer le propos avec brio.