Épure scénaristique, cinéma du mouvement, course-poursuite ininterrompue, déluge d'images marquantes et farandole de freaks : le discours autour de 'Mad Max : Fury Road' souligne la beauté avant tout visuelle du film et sa science dans l'art de filmer l'énergie cinétique des hommes et des machines. Avec ce film, George Miller rend au cinéma l'objet de son désir, le mouvement, l'image, et met enfin les nouvelles technologies au service de ce dessein, là où beaucoup de blockbusters les employaient comme leur propre fin. Si beaucoup de spectateurs ont remarqué que ce nouveau 'Mad Max' empruntait à la trilogie précédente quelques références, ou encore qu'il piochait dans la bande dessinée, le film d'animation ou 'Alien' (Charlize Theron s'imposant comme une Ripley du désert), peu de gens ont noté l'influence du cinéma muet sur l'œuvre de George Miller. Loin de nous l'idée de prétendre que les classiques du muet représentent l'unique source d'inspiration du cinéaste, mais l'esprit de ces grands films semble courir tout au long de 'Mad Max : Fury Road'.
Les séquences de poursuite en léger accéléré qui ouvrent le film ont rappelé à certains, non sans raison, la série humoristique 'Benny Hill'. Pourtant, c'est bien l'influence du muet qui transparaît dans ces rapides scènes de burlesque (Chaplin, Buster Keaton ou Laurel et Hardy ne sont pas loin). Ce petit effet d'accélération dans certains plans, déjà utilisé fréquemment dans les précédents 'Mad Max', transforme l'énergie des personnages et des mouvements, qui sont démultipliés. Le rapport au temps du spectateur change, et le son devient forcément désynchronisé, renforçant ainsi la dimension fictionnelle du film. Ce n'est pas l'unique clin d'œil de George Miller au cinéma muet, puisque beaucoup d'autres éléments empruntent au cinéma des premiers temps... Lire la suite sur Time Out Paris.