Si on le replace dans l'histoire de la saga, Mad Max Fury Road mérite largement sa place sur le podium, rachetant notamment l'insigne faiblesse du troisième opus qui faisait la part trop belle aux bons sentiments, de ceux qui dégoulinent. Beurk. Il se rattache d'ailleurs intelligemment à ce qui faisait le sel apocalyptique du second volet. Du sable au kilo, de la sécheresse cutanée, du sang mais pas de larmes…


L'honnêteté de George Miller fait également grand plaisir, comme l'insouciance dont il sait faire preuve à près de 70 ans lorsqu'il se tient scrupuleusement au programme annoncé : De la furie non stop !!! Un peu comme le vieillard qui refuse de l'aide pour traverser la route, trop orgueilleux pour laisser la jeunesse lui voler dans les plumes abîmées, défraîchies, George Miller reprend fièrement la formule magique de ses années folles, à base de po po po po prises de vue réelles depuis des bolides lancés à tombeau ouvert dans la vastitude désertique. Les jeu du cirque prés de chez vous et en plein air. Voilà qui nous rappelle qu'il n'y a rien de tel pour garantir une bonne impression (comme lors d'une première rencontre avec ses beaux parents) que du bon vieux shooting à l'ancienne, cascadeurs et tôles froissées étirés dans la poussière et le chaos.


Je suis en revanche resté sur ma faim pour trois raisons. La première ? Le choix de l'acteur principal, le bien nourri Tom Hardy, trop poupon, aux joues trop rebondies, à la bouche trop charnue pour rendre à Mad Max sa folie singulière… Mel Gibson est véritablement irremplaçable de ce point de vue. Deuxième problème : ce côté "too much" d'interminables scènes d'action qui finissent objectivement par taper sur le système - j'en suis en tout cas sorti avec un vrai mal de crâne. Goerge Miller semble parfois oublier de hurler "CUUUUUUT" et à un moment cette insigne faiblesse des vieux jours se ressent. Trop c'est trop. Enfin, difficile d'adhérer à ce scénario qui frise l'ineptie et rate surtout son virage à l'heure fatidique du retour (à la moitié du film en gros).


Le film n'est en fait jamais aussi fort que dans ce no man's land boueux éclairé par la lune, où l'avenir du monde semble suspendu à la résistance d'un improbable arbre mort au milieu de nulle part. Moment où surgit la plus grande scène du film, un hors-champ salutaire qui remet l'imagination au pouvoir et fait enfin beaucoup pour la légende de Mad Max (qui se fend d'un exploit dont personne n'aura eu la moindre miette, pas même le spectateur). Dès que le réalisme est de retour, que les yeux, nos yeux se rouvrent sur les lumières jaunâtres du désert, que les bases d'un matriarcat sont posées pour aller sauver le monde (ces vieilles motardes et leurs sacs à malice, bof bof), que s'amorce le retour vers le point de départ (à la faveur d'une vision pas fine de Mad Max), ça ne fonctionne hélas plus terrible et achève même de filer la nausée… Bien essayé mais je suis resté sur ma faim…

Créée

le 15 janv. 2016

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