Je n’ai pas écrit sur le cinéma depuis bientôt deux ans. J’ai pourtant vu de nombreux films qui m’ont enchanté. Mais rien ne pouvait me préparer à ce à quoi j’ai assisté en cette pluvieuse après midi du mois de mai. Attendu depuis des mois, et même des années, le réalisateur australien George Miller décide enfin d’offrir un nouveau volet à SA saga prêt de 30 ans après le dernier volet. Exit le vieillissant (et malheureusement blacklisté Mel Gibson), le britannique Tom Hardy (Bronson, The Dark Knight Rises) enfile les frusques de Max Rockatansky. Fury Road est un film tournant autour d’un seul mot. Un seul concept pour lequel le spectateur va observer toute une ribambelle de personnages s’entre déchirer dans le vacarme des moteurs à explosion et des armes à feu : Survivre.
Le film commence très fort, très brutalement. Miller vous plonge en apnée immédiatement. Et tout va s’enchaîner pendant 2 heures. Le réalisateur maîtrise l’une des choses les plus importantes dans le processus de mise en scène, à savoir le rythme. Le timing du film est parfait, laissant de ci de la le temps au spectateur de reprendre son souffle. Comme un moteur en surchauffe qui a besoin d’être refroidi. Le fait que la saga ai gardé le même réalisateur est une très bonne nouvelle que l’on peut constaté tout au long du film, tant Miller respecte son oeuvre et ne traite pas son nouveau bébé comme un remake ou un reboot. Fury Road est bel et bien l’épisode 4 des aventures de Max Rockatansky.
Et comme ses 3 prédécesseurs, le film a un atout que Miller magnifie jusqu’à la perfection : L’aspect visuel. Jamais une bande annonce n’aura autant tapé juste lorsque celle ci annonce que l’oeuvre sort de l’imagination de quelqu’un. Mad Max FR est une descente au plus profond de la psyché d’un réalisateur visionnaire. Chaque minute du film comporte un plan qui vous retourne le crâne. Et dans ce même plan il y a une ou parfois plusieurs idées complètement dingues auxquelles seul un fou aurait pu penser. Et c’est ainsi sur tout, les décors, la bande son (Dies Irae de Verdi remixé, Massive Attack…), les costumes plus inventifs les uns que les autres, tout ce qui compose ce film, du premier au dernier plan n’existe que pour vous faire ressentir la folie et la décadence d’un monde à l’agonie.
Après avoir brossé un magnifique cadre, Miller le rempli avec des acteurs au top de leur forme. Plus sauvage, voir plus primitif que Mel Gibson, Tom Hardy est un anti-héros brutal, façonné par une époque enragée qu’il tente de parcourir seul. Et pourtant Hardy et tout son talent doivent s’incliner devant l’extraordinaire Charlize Theron. La sud-africaine livre une performance comme on en voit que trop rarement. Transfigurée par un rôle qui semble l’habiter chaque minute du film, celle de l’Imperator Furiosa, Theron dévore pratiquement à elle seule tout le casting tant son interprétation de rebelle manchot laisse peu de place aux autres protagonistes pour pouvoir s’exprimer. Et pourtant le reste du casting n’a pas à rougir. Mention spéciale au jeune Nicholas Hoult (X-Men First class et sa suite DotfP), lui aussi plus que parfait dans son rôle de Junkie désabusé rêvant de mourir pour une cause qui lui échappe totalement.
Ce film est une pépite dont la prouesse est la transmission d’émotions. Le spectateur partage la douleur, la peur, la violence des (anti) héros de cette histoire, de ce fantasme sortit tout droit d’un cerveau qui arrive à construire en n’utilisant que ce qui sert à détruire. Miller prouve que Mad Max n’appartient pas à une époque et que tel un James Bond il peut traverser les âges en changeant de visage mais tout en conservant sa puissance originelle. Fury Road est un chef d’oeuvre, un film a vous faire aimer le cinéma de toutes vos forces, un film a vous dire que finalement il reste de l’espoir à Hollywood. Un diamant taillé au marteau piqueur par un artiste qui ne fait aucun compromis avec son imagination. Viscéral et violent, féministe et écologique sans toutefois tomber dans le moralisme, ce quatrième opus s’assoit de toute sa rage sur le trône des films d’action.
Et après une telle claque, il se peut qu’il y reste longtemps…
ChernOscar