Vu en e-cinéma donc (qu'il est moche ce nom). Plus par revendication qu'autre chose en fait. Revendication parce qu'une bande d'enculés a influencé la façon dont un objet culturel a été distribué en France, même indirectement. Maintenant je comprends également les mecs qui veulent pas foutre ça au cinoche en ce moment, je pense pas qu'il soit hyper sain que le film ait son quart d'heure de gloire sur BFM pour savoir si la polémique autour de sa sortie est justifiée ou pas. Ca fera qu'attirer les cons. Et il leur en faut peu.
Parlons du film donc. Malgré ce que la bande-annonce peut laisser penser, on est loin du thriller français attendu. Made in France est avant tout un film de personnages qui se concentre sur une poignée de jeunes hommes d'horizons diverses qui cherchent le frisson aux côtés d'un cerveau manipulateur et violent. Boukhrief souligne l'incompréhension comme dénominateur commun. L'incompréhension de ces gars un peu cons qui ne savent pas expliquer la cause pour laquelle ils veulent se battre. En témoigne celui issu d'une famille catholique aisée qui ne comprend pas en quoi Tony Montana, du haut de sa montagne de coke, ne peut pas être une figure du Djihadisme. L'incompréhension des autorités également qui sont incapables de repérer et de prévoir le passage à l'acte.
Le film distille une atmosphère de plus en plus étouffante et sait ménager quelques jolis moments de tension grâce notamment au personnage de Hassan, fou et terrifiant. La mise en scène est toujours très sobres mais Boukhrief sait clairement placer sa caméra et utiliser le hors champ. On aurait peut-être aimé un peu plus de folie mais ça reste efficace tout du long. Bon rythme également, 90min sans ventre mou qui vont droit à l'essentiel.
Au final, il est évidemment difficile d'aborder Made in France avec un regard neutre tant il est plus qu'il ne le voudrait lié à l'actualité. Il en ressort en ayant évité la facilité. Il ne désigne pas vraiment de coupable et n'apporte pas de réponse. Il ne fait que poser la question des visages derrière les armes et du moment où ils basculent. En cela il appelle plus au débat qu'à la polémique.