Alors je me souviens très bien de ce film. De ce pauvre cygne. Il m'a paru être un cliché de tout ce qui se fait en jeu, en mise en scène en France. C'est mon interprétation, j'en conviens, mais là, quand j'ai vu ça au ciné, je me suis dit c'est de trop.

Pour moi qui suis sensible aux différences culturelles, l'histoire m'a paru plate, fade, le jeu blême pour transparaître une profondeur. Je m'explique. D'autres films bien plus fins comme La Dentellière ou Le Droit du Plus Fort m'ont paru plus à même cibler le caractère sociologique dans la mesure où les critères significatifs de la différence culturelle allait au-delà des individus eux-mêmes. A trop se centrer sur le couple Kiberlain-Lindon et leurs univers-capitaux respectifs, il est difficile de percevoir en quoi ces deux-là se rapprochent. "Le propre de la passion amoureuse est de demeurer inexplicable, peu importe la classe à laquelle nous appartenons", me dira-t-on. Sauf qu'au travers du couple vient s'interposer une économie de jeu et de mot, que quelqu'un d'autre (comme moi par exemple) pourrait très bien nommer vide. Tout repose pour ainsi dire sur l'interprétation des deux acteurs et c'est à mon avis un peu de trop pour leurs épaules. Je ne suis pas opposé à l'économie de jeu et de mots de coutume mais là, force est de constater qu'au fil des scènes rien ne transparaît véritablement.

Alors si cela ne tient pas à l'interprétation à l'écran, cela repose sur le choix du spectateur lui-même. C'est bien de trop pour mes petites épaules. Il aurait fallu, qu'importe mes goûts et mes couleurs, que je fusse emmener... Et cela commence avec un univers un peu plus étoffé que la confrontation de la classe manuelle et de la classe intellectuelle. La passion amoureuse, à ce titre, apparaît comme une facilité qui dévisage ce qu'aurait pu être ce film. Pardon... ! Ce téléfilm.

C'est un désaccord pour le moins virulent avec cette oeuvre et je dis exactement l'inverse de ce qui peut se dire de mieux sur ce film. Comme quoi il y a un petit problème !

Non, je n'ai pas aimé le film et le film n'a pas été plus aimable avec moi. Il m'a donné envie de me défouler sur un cygne et de le dévorer dans un jardin public.
Andy-Capet
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le 6 déc. 2012

Modifiée

le 1 oct. 2013

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Andy Capet

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