Si l’on reconnait derrière ce récit l’écriture exquise de Diderot, dont le film adapte l’un des épisodes extraits de son livre Jacques le Fataliste, c’est bien au réalisateur Emmanuel Mouret qu’il faut adresser les louanges liées à la réussite de l’œuvre. Mademoiselle de Joncquière narre, avec autant de modernité que d’élégance, la vengeance d’une femme blessée par l’amour éphémère que son amoureux lui accorde. On ressent aisément le plaisir que prennent les comédiens à s’approprier ce terrain de jeu aux allures de marivaudage amère, joliment rythmé, aux textes finement ciselés. Cécile de France et Edouard Baer sont absolument parfaits dans ce règlement de comptes sentimental où les coups portés expriment discrètement les blessures de ceux qui les portent. Un entrelacs amoureux, subtil, intelligent, souvent drôle, qui confirme le talent d’un metteur en scène au sommet de son art.