Madly
Madly

Film de Roger Kahane (1970)

Madly est ce qu'on pourrait appeler une psychanalyse de luxe pour le couple Delon/Darc, mais c'est aussi et également un film incroyablement personnel, bien que le public ne le savait forcément pas à l'époque. A ce moment-là, Alain Delon était en couple avec Mireille Darc, mais vivait aussi une histoire avec Maddly Barny, une jeune femme d'origine guadeloupéenne qui sera connue entre guillemets pour avoir été la dernière compagne de Jacques Brel. C'était donc un ménage à trois assumé par l'homme et les femmes qui aura duré quelque temps avant que cette dernière ne s'éclipse.


Madly, jeu de mots sur le terme anglais follement et sur le prénom de cette femme mystérieuse, raconte exactement ça, à savoir un homme marié à une femme qui lui est totalement soumise, Alain Delon et Mireille Darc. Celle-ci s’accommode très bien d'être aux crochets de son homme tandis que lui cherche à voir ailleurs, mais tout en l'aimant fortement. L'arrivée de cette jeune femme antillaise, prénommé Madly, va perturber pour un temps l'équilibre du couple, mais au fond, le personnage de Mireille Darc va finalement l'accepter, au nom de l'amour qu'elle a pour son mari.


Quelque part, c'est une version Alain Delon du film Le bonheur, réalisé par Agnès Varda quelques années plus tôt, à savoir un homme qui trompe sa femme tout en étant heureux d'être ce qu'il est, mais qu'il a un besoin irrépressible de voir autre chose. Mais ici, le vertige est encore plus fort quand on sait que le scénario de Madly a été coécrit par une certaine Mireille Aigroz, soit le véritable nom de Mireille Darc, mais qu'en plus cette femme est jouée par Maddly Barny, qui a ici le pseudonyme de Jane Davenport !
Alain Delon veut sans nul doute parler de l'homme qu'il était en 1969, à courir sans arrêt pour son métier, qui cherche le réconfort auprès de plusieurs femmes, mais à montrer une image plus romantique de lui-même, notamment des scènes où il fait du cheval avec Mireille Darc, puis Maddly Barny et enfin les trois sur le même canasson.


Mais malgré ça, le film est d'une pauvreté visuelle en termes de mise en scène vraiment désarmante ; quand on sait que le réalisateur, Roger Kahane, a principalement travaillé à la télévision, ça se ressent, car il n'y a vraiment aucune idée, aucune originalité, c'est du bête champ/contre-champ. Il reste cependant la belle musique signée Francis Lai, qui se rapproche un peu de ce qu'il avait fait dans Un homme et une femme.


Sincèrement, je pense que le film ne peut être vu que pour les complétistes du cinéma d'Alain Delon, dont je fais partie, ou alors mieux vaut revoir Le bonheur pour les autres. D'ailleurs, comment expliquer que Madly est complètement enterré, très difficile à trouver (une copie VHS pour ma part), et qu'il n'est jamais cité dans la filmographie de Delon ? Ce virage romantique sera totalement incompris par le public et poussera l'acteur à revenir sur ce qu'il sait faire de mieux.

Boubakar
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le 26 oct. 2020

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