Un Schwarzy plus humain, plus mortel, plus nous

L'un des points d'intérêt à la mode en ce cinéma de début de 21ème siècle est clairement axé sur l'horreur, ou plus particulièrement sur les films d'infectés, sur ces métrages qui se consacrent sur nos amis les zombies. Et Schwarzy, vieux briscard, il en a marre de tout le temps être en dehors de la vibe. Il veut tomber dans le modernisme post-onze septembre, il veut péter leur gueule à une armée de morts vivants.


Et concrètement, on ne peut pas dire que c'est ce qu'il fait dans "Maggie". Et pourtant, le métrage ne déçoit jamais. Mieux même, il émeut et marque, et fait pleurer à chaudes larmes comme jamais un film de Schwarzy ne l'a auparavant fait. Et c'est, je trouve, tout de même intéressant, voire incroyable, de voir comment le mec parvient à constamment se renouveler.


Car même si ses films ne sont plus les succès d'antan ( le public de masse ne répondant plus qu'aux gros blockbusters décérébrés et aux comédies de Boon et Adams ), Schwarzenegger ne perd pas le nord. Non, lui, il continue de prendre son temps pour choisir ses films, et même s'il en tourne peu par an ( un ou deux environ ), il joue dans des oeuvres de qualité.


Contrairement à ce que l'on pourra dire de la plupart des anciennes stars de films d'action ( Van Damme et Lundgren, pour ne citer qu'eux ), Schwarzy, lui, ne tombera jamais dans l'alimentaire : plutôt mourir que de jouer dans un film qui ne présente aucun intérêt, si ce n'est celui de récolter quelques petits billets.


Et c'est dans cette approche du cinéma qu'il semble avoir voulu nous sortir ce métrage ci. Réalisé par un inconnu alors en charge de son premier film, Henry Hobson, "Maggie" parvient à sortir des sentiers battus d'un sous genre vieux de plus d'un demi siècle. Et il est justement là le talent de l'équipe en charge de l'oeuvre : ils ne tombent ni dans les clichés, ni dans la facilité, et sortent une oeuvre atypique et originale, le genre suffisamment viscéral pour marquer et émouvoir.


Car "Maggie" se veut être une oeuvre qui chamboule le spectateur, tombant bien souvent dans un style de film d'auteur. Ce n'est certes pas de l'Haneke, mais franchement, je n'avais pas envie de voir un couple de personnes âgées pleurer pendant tout le film. Non, je voulais voir le dilemme d'un père qui, devant sa fille mourante, devra tout faire pour se résoudre à la perdre, quitte à l'abattre lui même.


Et ce rôle, Schwarzenegger le prend avec sérieux et gravité, d'une manière qui pourrait faire penser qu'il constitue un véritable défi pour lui. Un défi relevé avec brio, il n'y a pas de doute là dessus : Schwarzy nous livre donc une prestation déchirante et déchirée, et même si elle n'est guère parfaite, elle sera suffisamment touchante et engagée pour que l'effet soit, sur nos personnes, d'une puissance dramatique.


Car Schwarzy a changé : il n'est plus le jeune homme indestructible d'autrefois. Non, il a changé. Pire même, il a vieilli; et c'est qu'il joue parfaitement avec son âge, le mec. Grimé comme un véritable papy, le genre à bout de force, il fait des étincelles dans un rôle qui semble lui coller à la peau. Et cela, voyez-vous, c'est fort : jamais je n'aurai pensé dire de pareil acteur que "la faiblesse lui va si bien".


Il est donc à parfait contre-emploi, et en tant que tel, il s'avère terriblement convaincant. Et puis sérieux, le voir pleurer ( !!! ), c'est pas que c'est triste, non, c'est juste que ça t'arrache des larmes de désespoir. Voir une pareille personne, le genre d’idole tarabiscottée à la muscul de bon matin, pleurer comme un simple mortel, c'est juste incroyable. Et cela, la mise en scène sait le montrer de la meilleure des manières.


En fait, c'est surtout qu'elle souligne cette infinie tristesse par des plans courts et serrés, des plans constamment rapprochés des visages. Alors oui, ce n'est pas parfait; moi même je le reconnais. Mais c'est, sinon efficace, d'autant plus déchirant qu'elle mettra les acteurs à notre portée. Car la vision même du metteur en scène est clairement de nous vendre une oeuvre intimiste et personnelle, un film profondément humain, tanguant entre le bonheur et le désespoir, entre des larmes de joie et de tristesse.


La mise en scène, légère et faiblarde ( faible dans le sens vulnérable; elle ne manque pas de talent ), ajoute donc énormément à l'impact émotionnel de l'oeuvre, et décuple littéralement la puissance du jeu des acteurs; notamment celui de l'interprète de Maggie, Abigail Breslin, actrice que je ne connaissais pas avant le métrage en question.


Et justement, cette mise en scène suscitée convoit d'autres émotions : outre la tristesse et la joie ( avec une réalisation qui m'a souvent rappelée celle des flashbacks du "Man of Steel" de Snyder ), un fort sentiment de malaise suinte de l'oeuvre. C'est dérangeant, le ton est terrible, morne, âpre : le ciel est ténèbreux, et l'on comprend, dès le commencement, que ce mauvais air qui plane sur la tête de nos héros ne s'améliorera pas au fil du visionnage.


Une impression fortement appuyée par la conclusion terrible du métrage, sorte d'apogée de la tristesse et du désespoir, mangifique instant d'une beauté presque lyrique, et parfaite conclusion pour un métrage tantôt unique tantôt marquant, et d'autant plus inoubliable que son dernier plan, du jamais vu dans le genre, retournera complètement l'estomac de celui qui appréciera réellement l'oeuvre proposée.


Car lorsque l'on s'attache aux personnages décrits dans le film, voir la conclusion de leur destin ne pourra que s'avérer un horrible spectacle. Changeant des métrages pétaradants auxquels le genre nous a habitués depuis l'excellent "Zombie" de Romero, "Maggie" parvient à apporter une nouvelle approche au genre, bien plus personnelle et intimiste.


Le tout est notamment relevé par une caméra qui paraît sensible aux agissements des personnages, décuplant complètement l'impact du film sur le spectateur. L'atmosphère était tantôt déprimante tantôt dramatique, sans oublier un soupçon d'inhumanité; âpre et anormale, elle paraît surtout monstrueuse, à l'image de ces créatures qui l'animent ( les infectés étant d'ailleurs peu présents à l'écran ).


Et, pour conclure, il pourrait paraître important de placer quelques mots sur la bande-son. Pour faire bref, elle ajoute énormément au film : lourde, puissante, et tellement envahissante qu'elle en devient étouffante, elle a un poids aussi important dans le film que les dialogues qui le composent. Le travail sur le son est donc imposant, à la manière du jeu des visages ( et des regards ) de la mise en scène. Un effet de style très efficace que ce métrage ci. Mieux même : un ascenseur émotionnel dont on ne ressort pas indemne.


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FloBerne

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