Héroïne à caractère dans un film sans caractère

Mouais. Au rayon adaptation live d'un univers disneyen, on préférait le pendant léger avec Il était une fois. Maléfique n'est pas exactement aussi superficiel et vain que Blanche-Neige et le Chasseur, mais on n'en est pas très loin non plus. Allez, puisque ça ne vaut pas une prose élaborée, hop, passons au jeu des plus et des moins, des pros et des cons, you know.


LES PLUS :
- Angelina Jolie, qui parvient en un tour de force à se fondre dans une figure mythologique disnéenne, l'interpréter le plus sincèrement possible (car à côté du cliché de la bobo-people adopteuse de petit Africains, il y a un vrai talent, cf. le Changeling d'Eastwood), et à y faire fructifier son charisme sans que cela ne devienne un Jolie show.
- Quelques scènes féeriques, comme la première rencontre entre Maleficent et Aurora, bénéficiant d'un travail d'effets spéciaux sans génie, mais très solide (encore heureux, vus les 180 millions de dollars de budget).
- Les tourments et les dilemmes psychologiques du personnage de Maleficent face à la petite Aurore. Le bon côté du "détournement" du personnage de la sorcière en personnage qui finit par revenir à la lumière.
- Le couple Maleficent/Diaval (Sam Riley), très amusant dans leur duo, et un des rares ressorts comiques efficaces du film.
- Elle Fanning, qui ne sert à rien mais est trop meugnonne.


LES MOINS :
- Les ellipses presque fatales du scénario, en premier lieu desquelles se trouve celle qui nous fait bondir sans transition de l'enfance de Maleficent et Stefan à l'âge adulte où ils n'ont déjà plus aucun contact. Dafuq, dudes ?
- Stefan est la première victime du simplisme du character-development : non seulement sa relation avec Maleficent n'est pas assez solide pour intéresser, mais sa descente dans l'evilness et la folie sont torchés. Pour une fois que Sharlton Copley était supportable ! (voir Elysium et le remake d'Oldboy et mourir)
- La réalisation sans caractère de Robert Stromberg : sa caméra est là où il faut, et ne réservera aucune surprise, ni ne donne vraiment corps à son univers. Un autre film mimolette comme l'Oz de Sam Raimi s'en sortait bien mieux, sur ce plan.
- L'intégration des créatures numériques, pas trop mal, mais qui devient un peu brouillonne à partir d'un certain point, comme la lutte finale dans le château entre les gardes et dragon Diaval.
- Le bestiaire fantaisie : en dehors des petites créatures qui glissent sur l'eau, on nage dans la banalité.
- On n'a pas tant affaire à un dépoussiérage de mythe (comme une réactualisation ou une complexification du plot liés aux canons actuels) qu'à une réécriture parfois contradictoire qui présente une Maleficent bien plus sympathique qu'elle ne l'est originellement. On tient là le mauvais côté du détournement : c'est bien, de vouloir nuancer un personnage de méchant car le monde n'est pas noir ou blanc, mais les vrais méchants, ça existe aussi.
- Le film essaie, comme noté plus haut (A for effort), mais il ne parvient pas pour autant à prêter une complexité humaine à la légende. Le Roi Lion, lui aussi court et très elliptique, parvenait à aller plus loin. On a la classe ou on ne l'a pas.
- Les trois fées, ressort comique d'une nullité affligeante, plus proche des escargots-boulets d'un Epic que des fées originales. Le total manque d'alchimie entre les trois actrices vient peut-être de la différence d'âge un peu étrange (la craquante Juno Temple aux côtés d'une sexagénaire qui en fait des tonnes (Imelda Staunton, fidèle à elle-même).
- Durant le climax, quand Stefan refuse de laisser béton et continue de s'exciter sur Maleficent alors qu'elle a clairement le dessus : POURQUOI ne lui dit-elle pas que sa fille est vivante et qu'elle a réussi à lever le sortilège ?!?
- Pour finir, le détournement (censément subversif ?) du baiser, passant du classique baiser prince/princesse endormie à Maleficent embrassant Aurore dans un trip très progressiste (les filles n'ont pas besoin des garçons, d'abord !), illustration d'un sous-texte féministe un peu bidon. Faîtes-moi un procès.

ScaarAlexander
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le 23 juin 2014

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Scaar_Alexander

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