Deuxième long-métrage de Panos Cosmatos, Mandy était sélectionné pour la 50eme édition de la Quinzaine des réalisateurs.
L’auteur surf sur ce courant cinématographique empreint de nostalgie pour les productions des années 80 où la linéarité des intrigues, la présence de personnages charismatiques et la générosité de scènes violentes/érotiques transformaient des œuvres lambda en plaisirs totalement régressifs.


Nous suivons donc Nicolas Cage se transformant au fil du récit en bourreau abattant sa vengeance salvatrice sur les responsables de la mort de sa dulcinée. Comme dit précédemment, la trajectoire scénaristique n’évoluera aucunement de son postulat initial.

L’intérêt du film ne réside en aucune façon sur la complexité de son intrigue ou la finesse d’écriture concernant la caractérisation des personnages. Chaque protagoniste a un rôle bien défini et chacun s’y tient. On retrouve donc le gourou illuminé (pléonasme ?) d’une secte, ses disciples allant de la brute épaisse au bras droit servile jusqu’à une horde de mercenaires motorisées ! Fort heureusement, ces éléments sont des choix scénaristiques et non des maladresses. L’auteur opte pour un second degré, parfois trop prononcé, afin de pouvoir créer son histoire, très référencée, sans que cela ne soit ridicule.


Pour arriver au cœur du récit (l’odyssée sanglante), il faudra d’abord passer par une première partie bien trop longue. L’auteur privilégiant la définition de son environnement par le dialogue plutôt que les actes. Un choix louable afin de créer un impact émotionnel lors de moments clé. Malheureusement, entre le ton adopté et le manichéisme ambiant, cette intention tombe vite à l’eau. Les personnages ne sont pas suffisamment complexes pour qu'on puisse éprouver d'empathie. Bien que ponctué de références à une époque révolue, on ne cesse d’attendre le moment où tout va basculer.

Heureusement, notre patience est récompensée. La chasse à l’homme est à la hauteur des espérances. La violence est sèche et contraste avec les dialogues plus légers qui ponctuent la bobine. Les affrontements sont souvent courts et variés. Les mises à mort sont sanglantes et jubilatoires. On est parfois proche du splatter, ce qui s'accorde très bien avec le ton décalé de l'univers.


Nicolas Cage semble d'ailleurs dans son élément. Sa prestation est hallucinante, la scène où il éructe dans la salle de bain en est le parfait exemple. Sa transformation lui permet de démontrer l'étendue de son talent, passant d'un homme doux et transit d’amour en bête sanguinaire insatiable. Le reste du casting est à la hauteur de nos attentes correspondant parfaitement à la caricature de rôle qu'ils sont censés représenter.


Mandy est donc un plaisir coupable, un retour dans les eighties ou du moins le fantasme cinématographique de cette époque. L’auteur s’approprie parfaitement cet univers et l’atmosphère de ces années pour accoucher d’une œuvre généreuse. C’est donc avec une forte curiosité que nous attendons le prochain projet de Panos Cosmatos.

tzamety
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le 26 juin 2018

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tzamety

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