Qui sommes-nous pour juger ?
En se plongeant dans cet océan d'hypocrisie, on apprend à apprécier le grotesque qui nous apparaît finalement comme une vague puissante d'émotion.
Ce film est un combat entre une femme passionnée et le monde composé de personnages qui gravitent autour d'elle comme des détracteurs sensibilisés uniquement par sa grande générosité.
Mais ces surréalistes anarchistes, ces bourgeois coincés ou ces amoureux insipides sont totalement éclipsés par la grandeur humaine et sensible du personnage principal.
Peut-être que le véritable problème du film réside dans ces personnages secondaires auxquelles on ne porte strictement aucun intérêt. Mais on peut aussi y voir une certaine ingéniosité du metteur en scène qui choisit de se focaliser uniquement sur le personnage principal utilisant régulièrement ces plans rapprochés sur ce visage impassible qui révèle une grande innocence à la fois pure et bouleversante.
Il y a tout de même une exception. Le majordome est en effet un personnage à part. Evoluant dans l'ombre, il est le seul qui comprend réellement la dimension romantique de Marguerite. Comme un metteur en scène, il la photographie dans ses différents états d'âmes et nous aide peut-être à mieux comprendre la particularité de cette femme. Mais participant au mensonge commun, il offre une libre interprétation au spectateur sur ses réelles intentions, ami ou ennemi, bienveillant ou cruel.
Et puis il y a ce moment de grâce à la fin du film dans ce théâtre de rêve où Marguerite se transformera véritablement en un ange à la voix divine pour s'écraser encore plus violement dans le monde réel. " Elle n'est plus une femme, elle est un monstre " prononcera un des personnages du film. Aux yeux du monde, Marguerite est comme une bête de foire, un animal inconscient mais c'est peut-être le spectateur avec ses jugements hâtifs et sa délectation devant le ridicule le véritable monstre.