Vaillance était le nom de code d’un groupe de résistant français lors de l’occupation. 15 ans après la fin de la guerre, ces anciens résistants se retrouvent chez Marie-Hélène Dumoulin, surnommée Marie-Octobre. Après le repas, les invités passent au salon, une immense pièce qu’ils ne quitteront pas jusqu’à la fin du film. Marie-Octobre annonce alors avoir découvert il y a peu que le groupe de résistant avait été donné par l’un des leurs. Une trahison qui entraîna la mort de Castille, chef du groupe, lors d’une descente des allemands à leur planque. Le traître est encore aujourd’hui parmi les invités. Très vite la sentence tombe, le traître, une fois confondu, ne sortira pas de cette pièce vivant.


Le réalisateur, Julien Duvivier, a su construire un casting détonnant. Danielle Darrieux, Paul Meurisse, Bernard Blier, Lino Ventura ou encore Serge Reggiani font parties de cette assemblée hétéroclite. Les dialogues étant assez pauvres , le jeu des acteurs et la mise en scène portent l’histoire à bout de bras.


Le personnage de Lucien Marinval, boucher de sa profession, apporte une désinvolture bienvenue. Focalisé sur son match de catch, ce joyeux trublion semble étranger au drame qui se déroule dans la pièce. Peut-être un moyen de se mettre des œillères afin de se prémunir de ce qui va arriver. Il va d’ailleurs après chaque intervention pour tenter de désamorcer la situation, retourner devant la télé, les yeux rivés à l’écran et essayant de mettre le son suffisamment fort pour couvrir les conversations.


Faisant penser à une enquête écrite d’Agatha Christie, le personnage de Marie-octobre prend des allures d’Hercule Poirot, arpentant la pièce, posant des questions et tendant des pièges sans vergogne. Duvivier a donné une dimension sentimentale à Marie-Octobre. Chose rare pour ceux qui endossent le rôle de détective, généralement consciencieux, écoutant leur instinct et se fiant à la raison pour faire avancer l’enquête. Oui Marie-Octobre a aimé, et cet amour perdu a été tellement fort qu’elle ne s’est jamais mariée. Sous ses allures de femme forte et imperturbable, le spectateur découvre petit à petit un personnage à fleur de peau, un personnage humain.


Ce huis-clos rappel un grand classique du cinéma, Douze hommes en colère. Les personnages forment également dans Marie-Octobre un jury. La principale différence est qu’ici le meurtrier fait partie de l’assemblée. Yves le Guen, prêtre de sa profession, aura beau faire appel à la miséricorde de ses acolytes, ce tribunal populaire d’après-guerre ne sera rassasier qu’après avoir goûté à nouveau au sang.


Si vous aimez Hercule Poirot, les baffes de Lino Ventura et le cluedo, ne cherchez plus, Marie-Octobre est faite pour vous.

Vincent-Ruozzi
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le 15 oct. 2016

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