Un film en costume qui se laisse regarder parce que costumier.e.s et coiffeur.se.s ont fait du bon travail. Idem pour la photographie : rien de tel que le Ben Nevis enneigé pour planter l'ambiance d'un hiver qui arrive. Les décors ne sont pas mal non plus encore que la production ait un peu radiné en faisant tourner trop souvent dans des ruines médiévales lugubres que des rois écossais, même très économes, avaient dû fuir ou embellir à la fin du XVIème siècle. Quelques belles scènes collectives comme la danse des hommes lors du premier mariage ajoutent au plaisir des spectateurs. On sent que la réalisatrice vient du théâtre.
Le choix des deux actrices principales ne mérite pas de mention spéciale ; ces deux belles rousses font le job ; un point, c'est tout. L'une en subissant les assauts du temps qui passe (Elisabeth) grâce à une prestation appuyée des maquilleur.se.s ; l'autre (Mary) en restant durant une bonne vingtaine d'années aussi fraîche qu'un modèle de David Hamilton.
Les messieurs, en grand nombre, n'arrivent pas à la cheville de ces dames (c'est voulu). Leurs habits sont généralement aussi sombres et vulgaires que leur tempérament, à quelques exceptions près : le jeune Jacques premier, tout à la fin, est très chic.
En observant le scénario, les choses se compliquent. La réalisatrice n'a pas préparé une leçon d'agrégation sur les relations Ecosse - Angleterre au temps des Tudor et des Stuart. C'est son droit. Il n'y a pas lieu de lui en faire reproche ; pas plus qu'on irait chercher la vraisemblance historique dans Maria Stuarda de Donizetti.
Il lui reste cependant l'entière responsabilité de ce qu'elle a produit en lieu et place des faits historiques qu'elle dédaigne: une sorte de produit commercial déclinant sans vergogne les recettes des séries à succès (Game of Thrones vient aussitôt à l'esprit) en réécrivant le passé avec des concepts contemporains passe-partout: inclusivité raciale, dénonciation de l'homophobie, point de vue féminocentré. Pourquoi pas ? Mais la question des relations actuelles entre les deux royaumes ne l'intéresse pas. Dommage.