L'homme du Moyen-äge, sauvagerie-civilisation, paganisme-christianisme, nature-symboles

MARKETA LAZAROVA [Vlacil, Frantisek (1967)]... Historique, Médiéval, Drame, Vengeance |
Synopsis: Mikolas (Frantisek Velecky) et Adam (Ivan Paluch), 2 jeunes fils du chevalier rebelle Kozlik (Josef Kemr), capturent le jeune comte Allemand Kristian, et le conduisent à la forteresse de leur père. Le capitaine du roi de Bohème (Zdenek Kryzanek), donne l'ordre d'arrêter Kozlik. Son fils Mikolas part chercher de l'aide auprès de Lazar, un noble voleur et profiteur et chef d'un clan rival de Kozlík. Mais Lazar refuse d'intervenir : ses hommes rouent de coups Mikolas et le laissent pour mort. Marketa Lazarova (Magda Vasaryova), la fille de Lazar, va prendre soin de lui, et une idylle impossible naît entre eux. De son côté, Kristian est tombé amoureux d'Alexandra (Pavla Polaskova), la fille de Kozlik qui s'y oppose. L'expédition punitive du roi conduite par le père de Kristian se profile avec une troupe armée puissante. De nouvelles bagarres - amour et vengeance - se déclenchent... |
Commentaires (spoiler possible): Un film incomparable parce qu'il traite d'un sujet rare (la Bohème Est Européenne) aux temps reculés du Moyen-Âge quand les Chrétiens tendent peu à peu à dominer le Paganisme ambiant (et montre comment on vivait et survivait dans un climat difficile avec peu de respect de la loi édictée par le pouvoir royal), que le scénario est éclaté littéralement avec des trous (comblés par des intertitres qui expliquent les scènes à l'avance, ce qui aide à éclairer une partie de la compréhension) et que l'image est absolument fantastique (des N&B saturés par la neige et en intérieur par le manque d'éclairage). Surtout c'est un film unique car c'est plutôt un manifeste poétique rempli de symboles et une fable sur les mœurs non polies de l'époque mais universelles (les hommes hypervirils s'entretuent et les femmes subissent mais assurent la lignée par les enfants), des loups observateurs omniprésents et un moine accompagné d'une brebis créant des symboles forts d'une part du paganisme, d'autre part du christianisme naissant dans la région, des signes comme les rapaces dans les arbres, comme le troupeau de cerfs ou les poissons pêchés dans le marais créant des symboles additionnels anthropomorphiques, expiatoires voire religieux). Un film fort assurément pas facile (et durant presque 3 heures), ambitieux, sauvage, halluciné, plutôt crypté, mais tout à fait mémorable (et que l'on revoit immédiatement pour approfondir). | TOT(pond.)=4.03 | Scen.=4 | M.Sc.=4.3 | Act.=4.2 | Innov.=3 | Tags: Paganisme-Christianisme, Roi-Rebelles, Fratrie, Pères-Fils-Filles, Inceste, Meurtres, Violence | ⊕ Symboles-Antagonismes-Civilisation (multiples), Symboles-Nature-Homme, Scénario (éclaté, très original, peu de dialogues, voix-commentaires-off), Mise-en-Scène (poétique avec inserts de flashbacks intégrés, heureusement préparés par les intertitres explicatifs), Images (sublimes, saturées, parfois trop si sans contraste, avec neige-symbole qui brouille-efface tout), Allusions-bibliques | Θ Confus (parfois mais voulu pour créer le mystère éclairé par la symbolique souvent animale) | Anthologie : Neige-Attaque-Carrosse (poésie symbolique d'emblée), Loups-Tableaux (répété, un must), Inceste-Serpent-Bras (symbolique, suivi de bras tranché à la hache), Moine-Brebis-Tête (symbole sacrificiel), Meurtre-Tête-écrasée (paganisme), Congrégation-Sœurs-Illumination (foi), Cerfs-Troupeau-Mâle-dominant (fable humaine, morale pré-finale sur les 2 bébés mâles) | vu en: 2021 (2 fois)