Qu’est ce qui fait de Texas Chainsaw Massacre l’un des meilleurs films d’horreurs et surtout, un des films les plus malaisants du monde ? Comment se fait-il qu’un film avec si peu de budget ait réussi à se coltiner une censure assez folle dans de nombreux pays. Parce que Texas Chainsaw Massacre est le pionnier du genre horrifique que l’on nomme « Slasher ».
Imaginons-nous en 1974, une époque pleine de hippies, un peu shootés à longueur de journée où les films sont roses et plein de fleurs. Pardon, je fais un résumé très cliché ? Bon, bah disons que pour l’époque, Texas Chainsaw Massacre était en décalage total avec ce qu’on pouvait voir au cinéma. On le comprend très bien dès les premières minutes du film, jamais vous ne retrouverez autre part cette ambiance puante et dégoûtante que dans ce film. Ce n’est pas pour autant que le film use des meilleurs procédés de mise en scène pour faire peur à son spectateur. C’est juste qu’à aucun moment, on ne se sent à l’aise.
Disons-le clairement, Texas Chainsaw Massacre est une plongée suffocante dans la folie. En 1h15 (ce qui est bien court), Tobe Hooper a réussi à nous dégoûter de la nature humaine. Voilà ce que nous sommes, crades, sauvages, fous et dénudés de moral. Leatherface et sa bande dominent clairement le game et à chaque instant du film, sont là pour vous rappeler que vous êtes leur proie. Que ce soit le frère complètement maboul, le cuistot qui peut sembler sympa (voyant tous leurs actes comme une obligation sans que l’on sache pourquoi), le grand-père inactif (mais foutrement flippant) et le géant Leatherface, tous ont un rôle à jouer dans leur macabre plan. Car oui, en plus d’être des fous, ils sont intelligents.
Vous ne me croyez pas ? Pourtant, Leatherface est méthodique dans sa façon de tuer. C’est dire, regardez son premier meurtre et allez me dire qu’il a pas essayer d’attirer sa victime avec des cris de porc avant de l’assommer d’un coup une fois la victime à sa portée. De même pour le cuistot, dès le début il dit qu’il n’y a plus d’essence et se fait passer pour le gentil. C’est pourtant le plus vicieux du groupe, simplement parce qu’il sait mentir (« j’ai des brochettes si vous voulez », mon cul que ses brochettes, c’est pas des doigts humains). Le grand-père est décrit comme le meilleur du groupe, lui qui aurait apparemment tué une bonne trentaine de personnes en soixante secondes (de quoi nous rassurer). Enfin, il reste le petit frère, sans doute le simplet du groupe, celui qui laisse sa folie l’emporter, quitte à faire des conneries et se faire taper par le cuistot. Et pourtant, c’est le plus imprévisible de la bande, lui qui sans crier garde brûle une photo qu’il venait de prendre avant de couper le bras du pauvre tétraplégique qui s’était montré sympathique avec lui.
Ces quatre gars complètement mabouls dominent tout le long du film, et emmènent leurs victimes dans leur maison au premier abord très sympa en extérieur, mais dont la déco en intérieur laisse à désirer. Des salles remplies d’ossements, un canapé fait avec des crânes, une salle spécialement conçue pour que Leatherface congèle sa viande (ainsi, celle-ci sera bien fraîche pour le dîner). Bref, on a affaire à des pros méthodiques et organisés. C’est ça la qualité du film, les méchants ne laissent aucun répit à leurs victimes et par la même occasion, au spectateur.
Si les victimes se séparent, c’est toujours pour une raison justifiée. Aller voir dans une maison au cas où il n’y aurait pas moyen d’acheter de l’essence, voir si ses amis ont fini de baiser, obligé de s’aventurer la nuit parce qu’une personne partie à garder les clés de la voiture (manque de bol, la personne est déjà morte). Avant d’être attaqué, les victimes ne se doutent jamais de rien, permettant à Leatherface des entrées en scènes toujours mémorables et sacrément flippantes. Les gros plans sur son visage demeurent terrifiants une fois qu’on a compris que son masque était fait à partir de chair humaine. C’est sans compter sur l’interprétation assez dingue de Gunnar Hansen en Leatherface dont le regard fait flipper.
C’est surtout dans la dernière demi-heure qu’on flippe avec un enchaînement de scènes toutes plus terrifiantes les unes que les autres. La course-poursuite dans la nuit, la capture de la dernière victime et surtout la scène du dîner, probablement la pire scène jamais réalisée à ce jour. Le malaise est total.
Le tout agrémenté de bruitages de tronçonneuses de cris d’oiseaux et de grincements de portes. Aucune musique si ce n’est celle du générique, bref, le réalisme total.
Je regrette juste que le film démarre trop lentement. L’introduction est assez incroyable pour enchaîner sur trente minutes de gens en train de se faire chier dans une voiture (bon, y a la scène de l’autostoppeur mais sinon, rien de bien spectaculaire). Mais une fois que Leatherface entre en scène (et quelle entrée en scène), le film ne s’arrête plus et on sort choqué par toute cette folie.
Bref, Texas Chainsaw Massacre est loin d’être un film parfait, avec ses longueurs. Mais le film marque tellement par son ambiance malsaine et crade que les images restent gravées dans la tête des jours après. Ces gros plans sur des cadavres, les petits couinements de Leatherface ou cette scène du dîner. Tout ça avec un style très réalisme, c’est vraiment stressant ! Une classique qu’il faut avoir vu au moins une fois dans sa vie.

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le 6 oct. 2017

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James-Betaman

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