Le bruit énervant de la tronçoneuse
Ceci n’est pas un film d’horreur. Ceci est plus sûrement un film d’épouvante. Ceci est un film culte au titre beaucoup plus effrayant que le film lui-même. Pour les fans de tripes à l’air, c’est pas le bon film. Il y a du gore, mais largement suggéré, et de très courtes scènes de terreur, pas assez pour retourner l’estomac. Les moments les plus choquants c’est quand on ne voit rien. Le film est inspiré d’un fait divers, et Tobe Hooper a sûrement voulut garder un minimum de réalisme, voire de crédibilité artistique. Ça commence par une bande de jeunes qui parcourt la campagne dans un van, et ça prend son temps pour démarrer. C’est simple et sans prétention, mais les choix sont judicieux. Miser sur l’attente, le silence, miser sur ses dialogues banals contre la radio qu’on entend tout le temps, et qui ne donne que des mauvaises nouvelles, et répète l’histoire de ces tombes qui ont étés profanées, comme pour nous préparer à la suite. Le bruit insupportable de ce groupe électrogène, ou de cette tronçonneuse flippante à souhait. Et le silence de pierre tombale du voisinage, comme si tout le monde était déjà mort, ou avait fui. Par contre la deuxième partie du film, avec cette famille de tarés cannibales serial killers, ça devient un peu grand guignolesque, et le ridicule côtoie le glauque absolu. A réserver aux amateurs avertis évidemment. Pas terrifiant mais surprenant, comme si Hooper voulait nous dire quelque chose sur l’Amérique et les américains, comme si il levait le voile sur la face cachée de l’Amérique. Une Amérique pas jolie, qui s’entretue et s’entredévore. Et il nous assène ça par surprises, comme un gros coup de marteau sur la tête. Ceci n’est pas le plus terrifiant fait sur le sujet, mais conceptuellement et visuellement il est assez intéressant pour entrer dans le top 5.